Album Review : Mac DeMarco – Salad Days (Blue Wave)




Album Review : Mac DeMarco

Salad Days



Mac DeMarco est toujours aussi génial. Merci au revoir.
Tout bien pensé, il y a sûrement plus à dire. Vernor Winfield McBriare Smith IV, aka Mac DeMarco, n’est plus l’artiste que Still in Rock
chroniquait en 2012. Son niveau de hype a considérablement grimpé et il remplit à
présent les salles les plus trendy du monde entier. Malgré ça, Mac DeMarco reste et restera toujours Mac DeMarco : un artiste je-m’en-foutiste qui, avant toute chose, exprime son art pour se faire plaisir. Loin de tout calcul, il joue et compose ce qui lui vient sans se soucier ce qu’on attend de lui. Et ça s’entend immédiatement.
Il y avait dans 2, son premier LP paru sur Captured Tracks en 2012, une joie très communicative qui faisait de cet opus un véritable souffle nouveau. On avait trouvé en Mac de Marco
le parfait compagnon de canapé, là où “le son de la guitare, à travers l’ensemble des titres, sembl(ait) avoir fondu quelque part au soleil, altéré par les lourdes radiations d’un monde apathique”. Avec Salad Days, une partie de cette allégresse a parfois disparu pour laisser place à un Mac plus
grisé. Les nuances sont infimes, mais voilà ce qui sépare à mon sens 2 de Salad Days. Sous couvert de mélodies similaires à celle de son premier LP, le Ferris Bueller’s de la Pop s’est transformé, l’histoire de quelques secondes, en un clown triste que l’on a presque envie de câliner.

Et puis, Mac de Marco opère
comme un retour aux sources, un son plus proche de son Rock and Roll Night Club. Il est certain que ceux qui ont détesté son premier EP (mais qui sont-ils ?) détesteront Salad Days. Mais si, une fois encore, Mac DeMarco n’a en apparence rien changer à sa formule secrète, je dois confesser que l’écriture de cet Album Review a nécessité plusieurs semaines d’écoutes au cours desquelles j’ai eu de nombreux doutes. Aujourd’hui, je crois pouvoir dire que toutes mes questions ont enfin leurs réponses. Je crois pouvoir dire que Salad Days est du niveau de 2, et que, dans plusieurs années, on dira de ces deux albums qu’ils constituent des indispensables de toutes bonnes bibliothèques. Place à la track-by-track :
  • Salad Days (ici) : Introduire son album sur des enfantillages, il le fallait. La première sensation est celle du soulagement à l’idée d’enfin retrouver la voix de notre Mac DeMarco posée sur de nouveaux titres. Et cette petite guitare, toujours frétillante d’impatience à l’idée de trouver enfin l’heure de la sieste. Le son de guitare est toujours aussi Jangle Pop et la voix de Mac est posée à la façon Rock and Roll Night Club.
  • Blue Boy : Ce titre renoue avec l’aspect éternel des créations de 2, reprenant pleinement les recettes de cet album tout à fait fascinant. A vrai dire, “Blue Boy” est probablement l’ultime Hit de Salad Days. On en ferait d’ailleurs volontiers le surnom de Mac DeMarco. Le soldat DeMarco a capturé l’universel, une fois de plus.
  • Brother (ici) : C’est finalement assez simple. L’introduction de “Brother” est évidente, immédiate. Mac DeMarco fait du son de sa guitare une ode à la bonne vie. En réalité, “Brother” est un titre mélancolique qui oscille entre tranquillité et chagrin en toute sincérité. Ce son de guitare très Jangle Pop délivré au ralenti crée son effet léthargique bien comme on l’aime. C’est psychédélique pile ce qu’il fallait, un sacré numéro d’équilibriste.
  • Let Her Go : Peut-être la mélodie la plus évidente de toutes. Ce titre illustre le changement de ton opéré entre 2 et Salad Days. Sous couvert d’une musique qui emprunte tout autant à la Jangle Pop que sur son premier opus, Salad Days révèle des textes plus profonds. On passe de la farniente absolue de 2 à un spleen plus ou moins assumé. Une fois encore, on retrouve le Mac de Marco de son premier EP, plus mélancolique, plus noir. Le refrain y est particulièrement splendide.
  • Goodbye Weekend : Des accords distillés à la vitesse de croisière de la Reine d’Angleterre, une basse paisible, “Goodbye Weekend” porte bien son nom. Voilà enfin cette légère brise que nous attentions tant. Les petites envolées de Mac DeMarco sont toujours un pur bonheur. “Goodbye Weekend” donne la place centrale à la guitare pour la toute première fois de l’album.
  • Let My Baby Stay : De fortes ressemblances avec “Still Together” dès l’introduction. Mais elle est où Kiki ? “Let My Baby Stay” instaure un nouveau dialogue entre Mac DeMarco et son for intérieur. C’est ce qui fait que Salad Days est parfois un album plus profond que ne l’est 2, habillé de ses petites remises en cause, de ses doutes.
  • Passing Out Pieces (ici) : C’est l’un des titres que nous connaissions déjà, l’un des temps forts de l’album avec cette orchestration rétro-nostalgique reconnaissable parmi toutes. Indéniablement l’un des killers de l’album. Le travail du synthé fait que Mac s’éloigne doucement de sa Jangle Pop chérie sans même que cela nous dérange vraiment.
  • Treat Her Better : Le DeMarco spirit, une guitare distordue pour la fainéantise la plus complète. Surement l’une des meilleures partitions de guitare de tout l’opus. Rapidement, Mac DeMarco introduit ses premiers accords de surf guitare, et là, c’est Dick Dale pour tous !! Plus, la dernière minute est vraiment au-dessus du lot. Que rajouter sinon que Mac est le meilleur de tous à ce jeu-là. Si plusieurs titres de l’opus créent ce léger blues, “Treat Her Better” joue des cartes diamétralement opposées. 
  • Chamber of Reflection : Oh ?! Un petit caprice de Mac, un titre qui surprend. La basse de Pierce McGarry trouve une belle sonorité. C’est assurément un titre intéressant, mais il n’en demeure pas moins qu’il ne représente pas là où Mac excelle le plus. 
  • Go Easy : Le minimum que l’on puisse attendre de la part de Mac DeMarco. Un titre chill, qui serait le hit de biens d’autres artistes. Peut-être trop évident, il manque soit l’attrait de la nouveauté, soit une mélodie plus fouillée. Bien entendu, le refrain est splendide, du Mac qui, même lorsqu’il connait un coup de moins bien, demeure constant dans son génie.
  • Jonny : Un titre instrumental pour conclure ces journées de salades. “Jonny” est un peu à l’image de cet opus, complexe et addictif.

En somme, Salad Days fait souvent le pont entre les titres/textes brumeux de Rock and Roll Night Club et la musique chill de son album 2. En ressort un LP difficile à cerner… très difficile à cerner. Aucune véritable constante de s’en dégage, ce qui pousse à une écoute humble et reposée. Mac DeMarco semble y instaurer un véritable dialogue avec lui-même. L’appellation de ces titres traduit largement cela, Mac donne des ordres, Mac doute, Mac Mac Mac. Et c’est peut-être ce côté très voyeur de Salad Days qui en dérangera certains. Il faut dire que le personnage Mac DeMarco est exubérant. Certains s’en offusquent lorsque d’autres y voient une opportunité pour décrédibiliser sa musique. Pourtant, ne nous y trompons pas, Mac DeMarco vient de signer un GRAND deuxième album.
Les comparaisons permanentes avec 2 sont, quoi qu’il en soit, bien la preuve que son album de 2012 a marqué les esprits. Si “Blue Boy” s’impose comme l’ultime hymne de ce Salad Days, je suis convaincu qu’il fera partie de ceux qui marqueront encore 2016. La musique de Mac DeMarco est un long fleuve tranquille qui n’en finit pas de créer des addictions. Preuve que Salad Days est un grand album, de nombreux titres deviennent nos favoris à tour de rôle (aujourd’hui “Treat Her Better“, demain “Let Her Go” ?). 23 ans et déjà toutes ses dents, Blue Boy est un artiste accompli qui pourra maintenant se targuer de ne pas faire partie du club des artistes ayant pour fer de lance qu’un seul bon opus.

(mp3) Mac DeMarco – Blue Boy
(mp3) Mac DeMarco – Treat Her Better

Note : 8,8 / 10 (barème)

Liens afférents :
Album Review de son album 2
Article sur ses démos de l’album 2

3 Comments

  • Anonyme

    "je suis convaincu qu'il fera partie de ceux qui marqueront encore 2016"…c'est triste cette phrase. De nos jours, durer quelques années est un exploit…évocateur de notre génération.

    Excellent album en tout cas!

  • Anonyme

    C'est rare qu'un mec nous déçoive pas au bout du 2e album.

    ( Je dis ça car je viens de me palucher le dernier de The Horrors )

  • Anonyme

    Super article, je viens de découvrir ton blog. Très bien écrit, je mets le site en favori. 🙂

    Et vive Demarco.

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