Album Review : Dirty Projectors – Swing Lo Magellan (Experimental Pop Folk)



Album Review : Dirty Projectors

Swing Lo Magellan


L’envol de millers d’oiseaux

La plus merveilleuse des choses à faire sur terre

L’un des meilleurs albums de ces derrières années


Dirty Projectors. Nous le sentions venir, mais jamais nous n’aurions pu nous douter de l’existence d’un tel trésor. Le nouvel album de la formation, Swing Lo Magellan, sortira le 10 juillet prochain. Ce jour-là, la planète musique accueillera officiellement l’un des meilleurs albums de ces dernières années.

Projet de Dave Longstreth et ses chœurs un peu fantasques, – ces deux voix malléables à l’extrême -, Dirty Projectors expérimente la musique comme très peu savent le faire. Cette ultime maîtrise du rythme lui donne une force inédite où la Pop Folk qu’il produit s’apparente à la découverte d’un des plus précieux métaux que la terre puisse compter. Si Dirty Projectors n’en était plus à faire ses preuves (voir article sur leur carrière), Swing Lo Magellan lui donne une nouvelle dimension : voici venu une formation qui détient l’album qui élève la musique au-delà de sa propre dimension, far away de ce que l’on croyait possible.

Les tapes dans les mains qui résonnent dès la première seconde de l’opus font office de fil conducteur à un Swing Lo Magellan tout simplement trop imaginatif pour pouvoir en saisir toute l’essence. Plus les jours passeront et plus vous aurez à l’esprit les refrains de l’opus, preuve d’une trouvaille très peu commune. Quant aux voix d’Amber Coffman et Angel Deradoorian, elles sont globalement moins présentes que sur leurs précédentes créations, tout particulièrement Bitte Orca. En fait, Dirty Projectors délivre chaque pièce de musique à son exacte place. L’écoute prolongée de l’opus nous pousse à avouer l’inavouable : et si Dirty Projectors avait réussi le coup du maitre parfait, sans complexe ni défaut ? Swing Lo Magellan est l’apologie de la minutie musicale, et c’est grâce à cette ultime maitrise que le groupe peut se permettre des titres à ce point décalés.
A l’évidence, c’est lorsque les voix des choeurs et Dave Longstreth se lient que l’opus atteint son apogée. Seule une critique plus détaillée permettra de desceller ce que l’on ne pouvait s’imaginer exister. En voici le contenu :

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  • Offspring Are Blank : Introduction extrêmement bien travaillée avec un interlude de guitare électrique tout aussi violent que bienvenu. Encerclé par les voix des choeurs, Offspring Are Blank est le chemin de traverse que vous n’avez jamais osé prendre. Définitivement, il s’agit d’un des morceaux les plus fous que nous ayons entendu depuis des mois.
  • About To Die : L’un des rythmes les plus entrainants de l’opus, la construction de ce morceau est tout juste extraordinaire. Ecoutons ce refrain en boucle, que nos oreilles ne s’abreuvent que de cette musique où l’apparition du violoncelle vient couronner tout un art. Ce titre vous donne envie de tomber amoureux, déclarer votre flamme au reste du monde.
  • Gun Has No Trigger : Un titre que je ne présente plus tant j’ai écrit d’éloges à son égard. Pour n’en reprendre que l’essentiel, Gun Has No Trigger est l’apologie d’un Dirty Projectors au grand complet, le tout au service de la splendide signature vocale de Dave Longstreth.
  • Swing Lo Magellan : Des airs de Velvet Underground qui propulsent ce titre loin de ce que 2012 a l’habitude de dévoiler. En toute simplicité, Dave Longstreth nous délivre une partition d’un minimalisme exemplaire. Ce titre, comme tous les autres, est un indispensable de l’opus en ce qu’il prouve, sans artifices, le génie du groupe.
  • Just From Chevron : Un autre morceau qui, à force d’écoutes, s’avère être une merveille de pop indépendante. Très sautillant, c’est Dave Longstreth qui fait une large partie du travail, chaleureusement accompagnée, une fois encore, par ses jolies voix qui font de Dirty Projectors une formation plus qu’unique.
  • Dance For You : Extraordinaire potentiel extraordinairement bien exploité. “Dance For You” est l’exemple même de ce qu’un groupe peut faire de mieux lorsque tous les éléments de sa réussite sont réunis. Une fois que l’on a dit ça …
  • Maybe That Was It : Le cri de désespoir de la guitare d’un côté, des voix qui franchissent des montagnes russes de l’autre, voilà le portrait de Maybe That Was It. En réalité, il s’agit de bien plus encore, un titre à l’âme errante à travers les forêts américaines, traversant vent et marées pour atterrir sur ce splendide Swing Lo Magellan.
  • Impregnable Question : Si les premières secondes d’Impregnable Question s’apparentent à un Dirty Projectors qui doublerait une vieille cassette trouvée dans le grenier d’un antiquaire, c’est que la réalité n’en est pas bien éloignée. Une fois la première moitié du titre écoulée, on découvre le rythme d’un des titres les plus entêtants de l’album.
  • See What She Seeing : Créativité, inventivité, fantasme et évasion. Tant de mots qui surgissent à l’écoute des premiers accords de See What She Seeing. Plus les secondes s’écoulent et plus ce morceau dévoile ses nombreuses richesses, tant électroniques que rythmiques. Les voix y font des merveilles que seule une écoute dans l’obscurité révélera.
  • The Socialites : Bienvenue au pays des félines chanteuses de Dirty Projectors. Tant de clarté laisse pantois, la voix d’Amber Coffman est résolument aussi pure que du cristal. Lorsque les frasques musicales du groupe accompagnent le tout, on est conquis. “The Socialites” est un moment à part.
  • Unto Caesar : Ce titre respire bien trop la joie de vivre pour ne pouvoir vous provoquer quelques hochements de tête. A l’image de ce que produit “Dance For You“, “Unto Caeser” est à merveilleux morceau où l’on découvre un Dirty Projectors au summum de son art. Et ce summum là, il est grand, très grand.
  • Irresponsible Tune : Le pendant masculin de “The Socialites“, pour boucler la boucle. Ce titre est le plus romantique de l’album. Irresponsable ou pas, il est l’une des références de l’opus, usant de tous les atouts d’une formation que l’on ne rencontre qu’une seule fois dans sa vie.
En somme, Swing Lo Magellan est de loin l’un des meilleurs opus de l’année, de ces dernières années. La créativité de chacun des titres est infinie, des centaines d’heures de recherche semblent avoir été consacrées à chacun d’entre eux, le tout au service de mélodies d’une impossible justesse, saisissantes et explosives. L’écoute de cet album s’apparente souvent à l’envol de milliers d’oiseaux, on y voit la fougue du battement des ailes, on y ressent la folle envie de communiquer sa joie et on s’élève au-dessus du monde pour l’apprécier avec plus de passion. Swing Lo Magellan a le pouvoir de vous emmener avec lui dans un espace plus intrigant que ceux que vous connaissez, chaque titre aidant, à sa manière, à parcourir monts et merveilles.

Lorsque l’écoute d’un opus révèle à ce point des envies d’idolâtrer les membres du groupe, lorsque l’écoute d’un opus transmet une telle envie de folles passions, lorsque l’écoute d’un opus s’apparente à la plus merveilleuse des choses à faire sur terre, c’est que l’on Swing Lo Magellan, trésor parmi les trésors, album d’anthologie à l’avenir plus que radieux.

Note : 9,2 / 10 (barème)
Liens afférents :

Article sur le titre “Dance For You


2 Comments

  • LaTouf

    C'est un album dans lequel j'ai un peu de mal à rentrer. The Gun has no trigger, était d'emblée énorme, mais je trouve l'ensemble un peu décousu. Mais individuellement, énormément de choses très très belles. J'y entends souvent les Pretty Things, du Velvet ou du Camel (ça s'invente pas!). Très riche, en fait peut-être trop … Je verrai dans 1 mois si tout est toujours dans ma tête.

  • Acomax

    About to die est le mieux réussi je pense dans cette Album , sinon comme l'a dit Latouf on verra si ils peuvent faire mieux !

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