Album Review : Arctic Monkeys – Suck It And See (Rock)





Après un premier album tellement plébiscité – tant par les critiques que par le public – que ça en devenait gênant pour un groupe indépendant, Alex Turner avait envoyé un message fort à la presse britannique. Dans la chanson éponyme, il suggérait «Oh, in five years time, will it be “Who the fuck’s Arctic Monkeys”?». Cinq ans plus tard, force est de constater qu’il avait tort !



Still in Rock, c’est 17 articles qui évoque plus ou moins directement les Arctic Monkeys, ce groupe ayant réalisé l’exploit de vendre le plus d’albums de l’histoire de la Grande-Bretagne sur la 1ère semaine de commercialisation (adieu Beatles, adieu Stones). Pour dire … ! Une liste réduite ? La voilà :

https://www.stillinrock.com/2010/05/arctic-monkeys-bonus-tracks-by-still-in.html

https://www.stillinrock.com/2011/03/valeur-sure-arctic-monkeys-brick-by.html

https://www.stillinrock.com/2011/03/bande-son-alex-turner-submarine-indie.html

https://www.stillinrock.com/2011/04/new-arctic-monkeys-dont-sit-down-cause.html

https://www.stillinrock.com/2011/05/new-arctic-monkeys-reckless-serenade.html

Alors, lorsque j’ai entre mes mains le nouvel opus, l’excitation est à son comble. Ai-je déjà un entendu un album rock aussi magique ? Certainement, mais il y a fort longtemps. Je vous donne alors le programme des réjouissances :

1. Apéritif : Saint Emilion ” Interview vidéo des Arctic “.

2. Mise en bouche : présentation de l’opus servie sur son lit de caractéristiques.

3. Plat : Critique détaillée de l’opus accompagné de son gratin d’excellence.

4. Dessert : Fondant Conclusion et son coulis d’éloges.


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1. Apéritif : Saint Emilion ” Interview vidéo des Arctic “ : Lien



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2. Mise en bouche : présentation de l’opus servie sur son lit de caractéristiques.


Suck It And See” est le 4ème opus du groupe. Le premier, “Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not“, est sortie en 2005, suivi de très près par “Favourite Worst Nightmare” en 2007 et “Humbug” en 2009. En bref, une marque de génie tous les deux ans.



Le producteur de “Suck It And See” est James Ford. Ce dernier a également produit les Klaxons et Last Shadow Puppets dont il est aussi le batteur. Les Arctic Monkeys ont donc travaillé avec ce dernier au Sound City Studios à Los Angeles. Pour rappel, James Ford était également le producteur de “Favourite Worst Nightmare“.



Si le titre de cet opus peut surprendre, il est en réalité un hommage au film “Orange Mécanique” de Stanley Kubrick. Pour ce qui est des textes, ils ont tous été écrits par Alex Turner. Concernant la partie musique, le groupe a confié avoir enregistré 25 chansons pour “Humbug” avant d’avoir réduit le tout à 10. La démarche fut inverse pour “Suck It And See“, le groupe, très sur de la direction qu’il souhaitait emprunté aurait en effet enregistré immédiatement son quota de titre sans aucune suppression lors des maquettes. Les 4 membres décrivent cet album comme étant plus “vintage” que les prédécesseurs.



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3. Plat : Critique détaillée de l’opus accompagnée de son gratin d’excellence.



She’s Thunderstorms : des frisons dès l’introduction, une grande page de musique s’ouvre. Écoutez la 3ème minute : ce son là est le son des Arctic Monkeys, une guitare qui ne sonne comme nul par ailleurs. Énorme travail de la batterie ainsi que de la basse sur les interludes.



Black Treacle : À mi-chemin entre plusieurs titres de l’album, Black Treacle est peut-être celui qui, situé en quasi-introduction de cet opus inimaginable, vient faire le point sur l’évolution du groupe. Les riffs révèlent toujours autant puissance et de précision lorsque la voix d’Alex Turner, plus suave qu’auparavant, colore à la perfection des titres (dont Black Treacle) d’un niveau impensable.



Brick By Brick : une belle démonstration de l’évolution de la formation, quel chemin depuis le 1er album. Ce psych-rock très années 1960 sonne parfaitement, tous les éléments d’un bon Arctic Monkeys sont présents. Il s’agit d’une mélodie tiraillée entre quelques guitarwork et une voix aux allures vintage-heavy, l’incohérence qui fait de cette formation ce qu’elle est.



The Hellcat Spangled Shalalala : quelle guitare !! Jamais un Shalalala n’a aussi bien résonné dans l’histoire de la musique que sur ce titre, même si les Arctic le décrivent il est vrai de “Fucking Shalala“. Le son est noisy, tend vers des reverb’ bien pensées et fait place aux talents des Arctic.

Don’t Sit Down ‘Cause I’ve Moved Your Chair : à l’évidence l’un des faits marquants de cet opus. D’une incroyable puissance, ce titre réveille vos arrières arrières grands parents alors qu’ils reposaient en paix.

Library Pictures : LE titre de l’album et à ce jour le meilleur titre de l’année. Introduction en bémol “Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not”, couplet en “Favourite Worst Nightmare” en final en “Humbug” pour un titre résolument “Suck It And See”.



All My Own Stunts : incroyable, en deux titres les Arctic Monkeys s’envoient droit au panthéon des meilleurs groupes rock de l’histoire. Ce n’est qu’à partir de 1min40 qu’All My Own Stunts prend toute son envergure : un Alex Turner au top sur l’aspect vocal, une guitare toujours aussi percutante, et surtout, une touche divine indéniable. Pour vous en convaincre ? Un final inimaginable.



Reckless Serenade : le terme entêtant ne convient plus tant Reckless Serenade et le phrasé so british d’Alex Turner vous colle à la peau. Ce titre à toujours fait partie de vous, vous l’ignorez simplement.



Piledriver Waltz : ce titre vous dit quelque chose ? Effectivement, Piledriver Waltz est issue du dernier EP d’Alex Turner Himself, “Submarine“. Comme (étrangement?) plus rock, les Arctic Monkeys transforment de l’or en … or plus pur encore. N’oubliez pas la leçon du jour : “Si tu veux essayer de marcher sur l’eau, assure-toi de porter des chaussures confortables“.



Love Is A Laserquest : un titre qui interpelle pour un texte plein d’ironie. Sûrement pas celui le plus convaincant, mais de quoi bercer votre journée rock.



Suck It And See : “Dans une chanson j’ai épanché mon cœur meurtri / Je n’ai pas / jamais su m’y prendre en poésie. Ceci n’est pas une jupe, c’est un fusil à canon scié / Dont je peux seulement espérer que c’est vers moi qu’il est pointé / Et je peux seulement espérer être celui qui est visé“. Que rajouter ?



That’s Where You’re Wrong : ce titre est tellement digne d’un final en apothéose que la seule envie qui me prend et de rester là, assis sur ma chaise, bouche bée, ne rien écrire, simplement profiter de ces quelques secondes de haut vol.

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    4. Dessert : Fondant Conclusion et son coulis d’éloges.



    Arctic Monkeys crée jour après jour un peu plus un mouvement d’Arcticrock. Quel autre groupe peut se vanter de tant ? Quel autre groupe influence autant ses compères à ce jour ?



    Suck It and See” dispose, vous le remarquerez dès les premières écoutes intégrales, d’un tempo plus lent que sur les deux premiers albums. Humbug était venu affirmer la maturité du groupe en calmant le jeu, Suck It and See” fait le pont entre ces deux phases : demeurant moins rapide que “Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not” et “Favourite Worst Nightmare“, il ne peut parfois s’empêcher de rappeler que ce groupe que vous être en train d’écouter est aussi celui de 2005. En somme, cet opus étend encore un peu plus la palette du groupe de Sheffield. Si l’on reconnaît leur habituelle pop so british, les Arctic Monkeys oscillent ensuite entre un rock plus explosif (il suffit d’écouter Library Pictures, une merveille de Punk-Rock pour s’en persuader) et un style plus épuré où le songwriting d’Alex prend alors toute sa dimension. La bande à Turner n’a, assurément, pas fini de faire parler d’elle et arpentera les principaux festivals de l’été où le public saura avec certitude qui sont les Arctic Monkeys !



    Si c’est bien Alex Turner le fil conducteur de ce mouvement, n’oublions pas les autres membres dont Jamie Cook qui semble avoir plus que jamais travaillé ses classiques, dont Johnny Marr (guitariste anglais). Si les textes du groupe ont toujours été fameux, Suck It and See“, mis à part une appellation provocatrice et pleine d’auto-dérision (autre force de la formation), n’en pas en reste.



    À l’image de ce qu’a pu le faire les Strokes avec Angles, la voix du chanteur, en l’occurrence qui vous savez, connait d’incroyables variations tout au long de cette balade musicale : tantôt en effet studio, tantôt en mode Jack White, tantôt d’une clarté incroyable, mais toujours aussi géniale.



    Cette critique dithyrambique n’est qu’une embauche peu à la hauteur de ce qu’elle devrait être. L’album est trop haut dans l’échelle de la réussite pour que les mots suffisent : la musique des Arctic Monkeys vient donner une bien pâle force à des mots souvent trop insuffisants (Baudelaire, reviens parmi nous écrire ces quelques lignes sur cet album).



    Si NME avait annoncé lors de la sortie du premier opus du groupe “Ce dont le monde avait besoin“, je me permettrais une paraphrase en bonne et du forme : “Suck It And See, ce dont le rock avait besoin“. Une révolution ? Bien entendu, et dans la continuité d’un talent sans fin, s’il vous plait.





    (mp3) Arctic Monkeys – Library Pictures

    (mp3) Arctic Monkeys – All My Own Stunts





    Note : 9,1 / 10 (barème)





    Lien afférent :

    Site internet du groupe

    6 Comments

    • Anonyme

      OK les gars… Sincèrement, j'aime beaucoup votre site, mais bon, j'avoue n'être pas souvent du même avis que vous pour ce qui est des chroniques… Vraiment, les Monkeys, en pleine bourre ? Personnellement, je dirais plutôt que le déclin continue… Où est passé ce rock tendu, nerveux des deux premiers albums ? La rafale euphorisante des guitares sur WPSTIATWIN, la tourmente de Favourite Worst Nightmare ? Autant, Humbug pouvait la jouer "album de la maturité", "moins facile d'accès", ça restait rock ; mais là, on enchaîne les platitudes popisantes… ON dirais que le groupe n'a retenu de FWN (qui reste mon album préféré d'eux) que le rasant Fluorescent Adolescent. Oui, Library Pictures a de la gueule, Don't Sit Down, dans le genre je-te-ponds-un-riff-et-vas-y-que-je-te-le-recolle-jusqu'à-satiété, reste du haut niveau (ma préféré, la plus rock, la plus nerveuse, la plus Monkeys quoi) ; mais pour le reste, on ne se foule pas. Turner a peut-être un bel avenir devant soi, mais il va falloir qu'il se rase la forêt qui lui pousse dans la main… Plus qu'à me refaire l'intégrale de leurs premières démos, en attendant les nuits de Fourvière…

    • Anonyme

      Anonyme aussi mais pas du tout d'accord avec le précédent.
      Moi aussi j'aime beaucoup votre site et les deux notations des derniers opus strokiens et arcticomonkeysiens m'ont définitivement convaincu de sa valeur.
      Je n'avais pas vu une telle subjectivité assumé avec autant de bon gout depuis les Inrocks grande époque ( mensuel quoi ): Merci merci merci merci merci merci !!!!!!
      Pour moi , pas de "platitudes popisantes" ici (My god ! Comment peut on meme oser ?? )mais un album que je suis sur d'assumer sans problèmes dans vingt ans , Inch'Allah
      Enfin , enfin , avec les Strokes de vrais GRANDS groupes de rock qui réussissnt le passage au niveau supérieur . S'ils continuent comme ca , ils vont avoir une discographie incroyable
      PS : j'ai dit Merci à Still in Rock ou pas ???

    • Anonyme

      Pas tout à fait d'accord. Le dernier Strokes est bien, ils tentent un truc, ils se renouvellent… Mais là, les Monkeys rétrogradent alors qu'il était temps de passer une nouvelle vitesse. C'est pas mauvais, il y a de bon passages même si c'est mollasson dans l'ensemble – mais de là à nous sortir du "une grande page de musique s'ouvre", vraiment !
      Peut-être ai-je trop été biberonné au rock des grandes décennies, peut être que je place la barre trop haut pour les groupes d'aujourd'hui. Mais se dire exigeant en matière de rock en 2011, c'est se prouver qu'il n'est pas tout à fait mort…

    • Anonyme(1)

      A y revenir, l'enchaînement Don't Sit Down / Library Pictures / All my stunts est bon… Oui, tout n'est pas à jeter… (j'avoue que mes premières écoutes étaient entre Low de Bowie et Remain In Light des Talking Heads, comprenez que l'album monkeysien en est grandement souffert). Mais bon, les AM n'inventent rien, les bons morceaux sont comprimés entre des trucs vraiment pas folichon, c'est dommage. Tout n'est pas à jeter, mais votre critique me semble un trop élogieuse (le coups du Panthéon, notamment…). Vous avez le mérite de suivre vos coups de coeur. Mais si on dresse une critique aussi louangeuse pour un tel album, qu'est-ce qu'il restera pour les grands albums révolutionnaires et intemporels ?

    • ark

      Tout à fait d'accord avec le dernier commentaire.. Beaucoup trop d'éloges pour un album certes propre, mais devenu très pop.. Je vais quand même le réécouter, malgré une 1ère écoute très décev, elle n'est pas tout le temps la bonne.
      En tout cas effectivement, je me demande comment vous allez accueillir un grand album qui met tout le monde d'accord.

    • Anonyme

      Tres bon album en effet, mais je n'irai pas jusqu'a le hisser au pantheon du Rock… Pour votre critique, j'ai l'impression que l'amour aveugle un peu et que vous en perdez un peu votre sens critique! Mais je comprends le coup de coeur tout de meme!
      Pour une critique un peu plus nuancée => http://intheflesh.over-blog.com/article-arctic-monkeys-la-magie-du-detail-79977259.html

      Monkeysement votre
      Jordan

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