Anachronique : Tony Joe White (Country Rock)

 

J’étais persuadé d’avoir déjà écrit un article sur Tony Joe White, mais il m’est impossible de le retrouver dans la database. Soit. Tony Joe White est donc un chanteur de country né à Oak Grove (Louisiane) et qui continue à ce jour de donner quelques concerts par-ci par-là. Étiquetée de swamp rock, sa musique est une sorte de folk rock à la Kurt Vile qui emprunte aussi à la musique de la Louisiane. Ses textes mettent souvent en valeur un lifestyle très américain dans lequel on passe nos journées sur le porche de vieilles maisons à discuter whisky. Tony Joe White est ainsi l’ancêtre de Natural Child, un rock qui emprunte à la grande tradition musicale du sud, la poussière et les chapeaux de cowboy comme maîtres mots. Connu pour son “Polk Salad Annie“, Tony Joe White est l’un des meilleurs crooners de l’histoire, un maître dans le genre country rock, assurément dans le top 5 de l’histoire du genre.L’album dont je voudrai vous entretenir aujourd’hui est Tony Joe White, son quatrième LP paru en 1971. Si j’ai toujours pensé que Homemade Ice Cream était particulièrement génial pour son aspect très farniente à la J.J. Cale, j’en suis récemment venu à écouter Tony Joe White des heures durant et je dois dire avoir été rapidement séduit par le groove inimitable de cet LP. Ce n’est pourtant pas ce qui caractérise toute la scène musicale de la Louisiane, tantôt bluesy, tantôt jazzy, mais c’est à croire que le terrain était également fertile pour une scène plus funk. Les titres s’enchaînent avec une facilité déconcertante, Tony Joe White joue de l’harmonica pour doubler des lignes de basses sensationnelles, c’est du grand art. Venez donc vous laisser tenter par la dolce vita du sud-américain, on parlera ensemble du deuxième amendement.

They Caught The Devil And Put Him In Jail In Eudora, Arkansas” est une introduction tout ce qu’il y a de plus seventies, Eric Clapton n’est pas loin non plus. Vient ensuite “The Change“, un vrai titre de crooner avec ses jolies variations rythmiques. “My Kind Of Woman” complète le trio introductif, toujours le moment décisif d’un bon LP. Ce titre est l’une des raisons d’être de cet article, le groove par A + B, un titre country comme plus personne ne sait en faire. On ne sait pas vraiment si Tony Joe White a inspiré Funkadelic ou Neil Young, le fait est que sa maîtrise mélodique est indépassable.
The Daddy” pourrait être son surnom, mais il s’agit en réalité d’une belle balade sur fond de blue-jean et d’amour fraternel. L’ajout de quelques violoncelles n’est pas étranger à la volonté de Tony Joe White de s’inscrire aussi dans la longue tradition hippie de son temps. Vient alors “Black Panther Swamps“, le dernier morceau de cette face A qui est également le plus rock’n’roll de tous. On évite le côté classic rock pour se concentrer sur du Country Joe and the Fish.

 

 

Five Summers For Jimmy” veut nous tirer les larmes aux yeux, mais “A Night In The Life Of A Swamp Fox” vient rapidement redonner un peu d’action à cet LP, ce qui le caractérise si bien. Et il s’en passe des choses dans la soirée de Swamp Fox sur fond de country-funk-ish. Je note également à quel point la section rythmique est bien menée. Le final est l’un des grands temps fort de cet LP, saturé pile ce qu’il faut.
Traveling Bone” sort les cuivres, un grand classique de la country rock. Tony Joe White prépare le terrain pour “I Just Walked Away“, le moment triste de la chanson d’amour. Autant les Flyin Burrito Brothers se sont illustrés avec une chanson d’amour – Hot Burrito #1 – un brin entrainante, autant Tony Joe White joue à fond la carte du chanteur un peu désuet. Mac DeMarco pourrait en faire une très bonne reprise ! “Copper Kettle” veut également nous faire regarder les étoiles comme dans un vieux western après le long périple de la journée, mais on se jette sur “Voodoo Village” qui, comme son nom l’indique, vise à honorer le diable qui se cache dans le jupon des jolies villageoises. A ce stade-là, nul besoin de nous convaincre de la qualité de cet LP, Tony Joe White est un fin magicien qui sait comment faire de la country une musique aux antipodes du cliché classic rock un peu ennuyeux.

 

 

Tony Joe White a pour lui la douceur de ces vieux cowboys qui ont trop vécu pour ne pas avoir envie de partager avec les leurs. Cet LP est une parfaite illustration de la maitrise Tony Joe White-esque de ce country rock terriblement groovy. On se met à écouter sa musique lorsque nous prend l’envie de partir sur les routes avec un vieux pick-up pour aller rencontrer les raccoons. On s’imagine également organiser un diner dans une maison de la forêt de Baton Rouge et se laisser bercer par ce grand crooner américain qui évite les clichés parce qu’il fait justement partie de ceux qui les ont inspirés.
Tony Joe White est un excellent album qui ravira tous ceux qui ont un jour aimé Neil Young, Gram Parsons et Natural Child. Tout est là pour en faire un des top albums du genre et plus de 45 ans plus tard, il constitue l’un des meilleurs témoignages du cool américain de l’époque. Sa production – irréprochable – fait de Tony Joe White un modèle d’élégance de la working class. La France n’a jamais été capable de délivrer un si bon LP de ce style. Et elle ne le sera jamais.

(mp3) Tony Joe White – My Kind Of Woman (1971)
(mp3) Tony Joe White – A Night In The Life Of A Swamp Fox (1971)

Tracklist : Tony Joe White (LP,  1971)
1. They Caught The Devil And Put Him In Jail In Eudora, Arkansas
2. The Change
3. My Kind Of Woman
4. The Daddy
5. Black Panther Swamps
6. Five Summers For Jimmy
7. A Night In The Life Of A Swamp Fox
8. Traveling Bone
9. I Just Walked Away
10. Copper Kettle
11. Voodoo Village

Liens :
Article sur Funkadelic
Lien vers TOUS les articles anachroniques

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