Brace! Brace! est un groupe originaire de Lyon et maintenant installé à Paris. Son dernier EP, intitulé Controlled Weirdness, vient tout juste de paraître via Howlin Banana et Teenage Hate Records, il était donc bien évident que nous allions y consacrer un article. La pop du groupe le place dans la nébuleuse de ces formations de pop spectrale à tendance bubblegum, un style musical peut exploré dont il faut se féliciter qu’un groupe français ait décidé de s’en emparer. Notons ainsi que les comparaisons du groupe avec Ty Segall et autres formations de garage sont probablement du fait d’un mal entendant tant Brace! Brace! s’inscrit dans une démarche opposée à celle du garage dans laquelle on y trouve beaucoup mais certainement pas un contrôle de chaque sonorité. 
Dans l’ensemble, chacun des 5 morceaux qui constituent cet EP apporte quelque chose au tout, la voix est super bien placée et il faut noter à quel point la production en jette – bravo Barth. Controlled Weirdness est donc plein de bonnes choses, l’écouter c’est un peu comme se jeter dans la lecture d’un livre de Faulkner : c’est dense et exigeant, mais on y trouve une science du détail qui sublime le tableau d’ensemble. Ne vous attendez donc pas à un EP qui joue encore la carte sixties, ou un truc Burger qui ne fasse que réciter les codes de la musique slacker. Controlled Weirdness est très inspiré, c’est ce qui le définit. 
Slow” est LE grand single de cet EP. Le refrain est une petite merveille qui classe d’ores et déjà Brace! Brace! dans le groupe restreint des faiseurs de mélodies. Et puis, Brace! Brace! maitrise parfaitement la structure de son morceau, voilà un son propre à 2017 que l’on ne peut pas comparer à des créations sixties, seventies, nineties et j’en passe. Ce titre, moderne au sens véritable du terme, a également pour lui un final qui ne se prive pas d’un peu de grandiloquence.
Underground” enchaine – sans trop de mal – avec une pop tout aussi colorée mais qui laisse encore plus d’espace aux phases instrumentales. Le côté spectral des créations de Brace! Brace! arrive en force en début de troisième minute, c’est Alex Calder qui appréciera. E puis, je crois que “Underground” illustre justement à quel point la prod’ de cet EP est de qualité ! “Untidy Hair”, plus crooner, vient porter l’estocade du troisième titre, toujours un point de pivot tant on sait que les trios introductifs délimitent souvent – à peu de chose près – la qualité des EP/LP qui nous sont soumis. Je ne serai pas étonné que Brace! Brace! s’abandonne parfois à l’écoute d’un peu de jazz.
I Sprawl” renforce la tendance rock’n’roll que l’on avait pu sentir par-ci par-là. Brace! Brace! est également très bon lorsqu’il se laisse aller à des phases plus psychées, peut être pourra-t-on ainsi regretter que le groupe n’ait pas osé aller plus loin encore, comme l’a si bien fait Post Animal. Toujours est-il que ce titre a pour lui quelques explosions sonores Tame Impala-esque auxquelles la France ne nous avait pas habitués. It’s Okay” vient conclure le tout avec un tempo qui nous laisse le temps d’apprécier le paysage sonore. On se dit alors que le son de ce morceau ressemble à celui d’Unknown Mortal Orchestra, ce qui est gage de qualité, mais peut également causer des redites.
Au final, Controlled Weirdness est un EP très solide – il jouera assurément une place parmi les tout meilleurs EPs de 2017. Le groupe y définit son identité sonore pour les mois/années à venir, et c’est en cela fort réussi. Mais allons plus loin. Brace! Brace! n’a-t-il pas fait une erreur en s’inscrivant dans la démarche d’un LP plutôt que dans celle d’un EP ? Controlled Weirdness joue certes dans un registre de pop pour weirdos avec des sonorités peu habituelles, mais force est de constater que le groupe s’y cantonne largement. Les EPs, je crois, permettent aux artistes de tester différentes directions et d’évaluer l’accueil fait à chacune. Ils sont également l’occasion pour un artiste de faire ce que la cohérence d’un LP lui interdit. 
Avec Controlled Weirdness, Brace! Brace! s’est privé de l’opportunité d’aller chercher d’autres textures sonores, plus éloignées encore de celles de Unknown Mortal Orchestra. Reste à savoir s’il le fera sur son full LP, ce que l’on ne peut que souhaiter afin d’écarter toute possibilité d’avoir un album trop bubblegum-psyché-linéaire entre les mains. Il y a une telle maitrise sur Controlled Weirdness que l’on peut légitimement vouloir un album qui nous prenne à contre-pied. Souhaitons-le, il n’y a rien de meilleur que des groupes qui créent des mouvements, et Brace! Brace! semble véritablement en être capable.

Tracklist :
1. Slow
2. Underground
3. Untidy Hair
4. I Sprawl
5. It’s Okay
Liens :

Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *