Still in Rock présente : Zen Mantra (Shoegaze Pop)

Zen Mantra est un groupe originaire de Christchurch (Nouvelle-Zélande) sur lequel je mise gros. Après avoir fait paraître un premier album en 2013, How Many Padmes Hum?, il est revenu avec un deuxième LP self-titled en avril dernier. Et c’est là que tout a changé. Zen Mantra est un album comme on en trouve peu dans une année. Zen Mantra est un espoir pour la scène pop / shoegaze / dream pop / bedroom. Zen Mantra est une claque donnée avec amour.
A vrai dire, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu cette sensation d’avoir un trésor caché entre les mains, le genre de groupes à ce point sublime que l’on ne peut que s’étonner du fait que la presse ne se soit pas massivement emparé de lui. Après tout, Zen Mantra un groupe Flying Nun Records, un signe qui ne trompe pas et qui aurait du en alerter plus d’un. Nul doute que Captured Tracks aurait adoré le compter parmi ses trompes, nul doute que les amateurs de musique nébuleuse y verront l’un des tous meilleurs albums de l’année, nul doute qu’il pourrait être un vieil EP from Manchester ou le nouvel album de DIIV.

La musique de Zen Mantra a une caractéristique très particulière qui la rend attachante. Je m’explique. Les morceaux de Zen Mantra alternent entre colère et nostalgie passive, comme si le groupe avait voulu encapsuler les émotions d’une rupture amoureuse (ce que les paroles confirment par ailleurs). Il fait également deux fois référence “au soleil”, comme pour se prouver à lui même que la musique spleenétique qu’il a composé n’était pas le signe d’une amertume certaine. L’album oscille donc sur ce terrain là et ne peut ainsi que captiver toute notre attention.



Si nous nous sommes mis d’accord avec Mike Sniper que parler de post punk ne faisait aucun sens en 2016 tant ce style musical était rattaché à une époque, notons tout de même l’influence de cette scène sur la musique de Zen Mantra. C’est “Will Disappear” qui ouvre le bal et affirme d’entrée cette nécessité de référencer un style musical des années ’90. Le titre nous enveloppe lentement dans une musique dont l’automaticité cache une pudeur que Zen Mantra semble trop timide pour qu’elle soit exprimée en plein.
Et puis, vient “Hole In My Skull“, l’instant où l’on se dit que Zen Mantra est sacrément fort. On note tout particulièrement l’excellente production de ce morceau comme de l’album dans son ensemble. Les belles harmonies vocales qui s’en dégagent font de “Hole In My Skull” un petit chef d’oeuvre de pop spectrale. Zen Mantra vient de gagner ses galons. “Dimming Son” suit de près et l’on a désormais la certitude que le groupe est destiné à plus grand. Les trois premiers morceaux d’un album suffisent généralement à indiquer le niveau d’un album et Zen Mantra ne déroge pas à la règle. Le phrasé tout en dynamisme de Callum Devlin rajoute en intensité, brillant.

Remember You At All” est plus pop que les précédents, le genre de morceau destiné à faire office de single. Toujours sur le même tableau d’une période post-romantique, Zen Mantra semble arriver à encapsuler la mélancolie d’une séparation avec une facilité déconcertante. Et puis, ce n’est pas Good Morning TV qui aurait renié ce petit solo un brin romantique. “Bailey” conclut la première Face de l’album sur quelques harmonies plus chimériques que le reste de l’album. On comprend mieux d’où le groupe tire son appellation. 

Picture The Sun” est l’un des autres hits de l’album. Zen Mantra joue à fond sur les reverb’ et rajoute ainsi en nébulosité. Vient alors “Maybe I’ll See You In My Dreams” qui illustre la dualité de la musique de Zen Mantra, un côté apaisé à la Beach House, un côté nerveux bien senti. Zen Mantra n’en demord et finit par s’imposer avec un très beau refrain, que l’exercice de composition paraît facile. 

Second Skin” (dont voici la vidéo) est l’autre single de Zen Mantra : impossible de lui résister. On se souvient que Weird Dreams avait joué dans la même cour il y a quelques années de cela, mais depuis, plus rien. Zen Mantra peut se targuer d’explorer une pop un peu laissée de côté ces derniers temps, parce que pas vraiment shoegaze (adieu MBV, Spacemen 3 and co), pas vraiment dreamy et pas vraiment indé non plus. 
Sitting At The Bottom Of The Pool” est d’un tout autre genre et l’on se rend rapidement compte de son caractère indispensable en terme de maquette. Zen Mantra ouvre une nouvelle voix, reprenant le meilleur du nouveau Tame Impala (si tant est qu’il y en est) pour le déringardiser. Et puis, “Looking Up At A Hundred Moons” nous propose une nouvelle version de Beach House. Ce n’est assurément pas le meilleur final, mais que dire à ce stade sinon que Zen Mantra fait barrage à toute médisance.
Certains reprocheront la ressemblance avec DIIV, j’en suis sur. Seulement, l’un comme l’autre se distinguent du reste de la scène en ce qu’ils sont parvenus à dénicher quelques splendides mélodies. Les deux groupes sont ainsi complémentaires, parce qu’il est impossible d’avoir un jour suffisamment de morceaux de ce calibre. Et puis, précisons que Zen Mantra est surtout le projet d’un seul homme, ce qui ne fait que rajouter à sa virtuosité. 
Voilà comment s’apprête à conquérir son monde. Zen Mantra est un album qui a tous les atouts pour viser loin, il ne lui manque qu’un attaché de presse efficace et le tour sera joué. Je dis ça…

Liens afférents :
Article sur le dernier DIIV
Article sur le premier EP de Good Morning TV

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