Anachronique : Superchunk (Indie Rock Nineties)

Superchunk est un groupe originaire de Chapel Hill (en Caroline du Nord) qui a fait paraître un total de 13 albums studio, dont I Hate Music en 2013. Le groupe est également à l’originaire de la création du label Merge Records sur lequel il fera bien entendu paraître toute sa discographie. Buzzcocks, Polov et Neutral Milk Hotel suivront le pas.

La discographie de Superchunk est fournie d’excellents albums. Le nom est aujourd’hui connu de tous et l’on sait a priori à quoi s’attendre : une sorte de rock nineties assez cliché comme échos à la scène de Seatle. Attention toutefois… Superchunk a parfois fait dans le punk, c’est ce que l’on retrouve sur le génial No Pocky For Kitty, et dans le punk pop façon High School, voir On the Mouth. L’article du jour est l’occasion de retracer l’histoire de Foolish, le 4ème album du groupe et le premier à paraître sur Merge. Cet LP, le plus noir du groupe, arrive à un moment compliqué pour ses membres (Mac et Laura Ballance, respectivement chanteur et bassiste, venaient notamment de se séparer). Il fait office de thérapie par la musique, un exercice que le groupe a pris à partie pour se délivrer d’une passade peu agréable. Logiquement, Foolish est un album intense et brut qui laisse peu de place aux mélodies pop que l’on peut attendre d’un groupe si connu.

Tout débute sur “Like A Fool“. Le titre est noir comme le sont la plupart des excellents morceaux des années ’90. C’est métallique et industriel. “The First Part” attaque sur un son de guitare bien saturé, assurément sous l’influence de Sonic Youth. Ce titre capture tout l’esprit de Superchunk, un Indie Rock très 90′ comme il ne s’en fait absolument plus. Et puis, on passe ensuite à un son plus brutal avec “7 Water Wings“. Si Polvo n’est pas loin, c’est que Superchunk avait également cette ambition de créer un son noisy
Vient alors “Driveway To Driveway“, Superchunk qui s’essaie à une chanson d’amour. Et le groupe n’y va pas de main morte : “My hand on your heart had been replaced And I thought it was you that I had chased”. Si ce titre a quelques allures de balade, on note toutefois la présence d’une même guitare, toujours fidèle à l’univers du groupe ainsi qu’à l’influence de l’époque. N’oubliez pas de regarder la vidéo ci-dessus, elle vaut le détour. Le refrain de ce morceau est probablement le plus pop de l’album, sortez vos mouchoirs, on n’est pas loin de la série TV un peu ringarde, mais cool. 
Il y a du punk sur “Saving My Ticket“, des riffs très instinctifs et un refrain qui passe en vitesse. “Kicked In” est plus fidèle à ce à quoi on pourrait attendre du groupe, un fond à la limite shoegaze / grunge saupoudré d’une voix sur le fil. Les grands amateurs de Superchunk s’attarderont dessus pour y desceller la moindre variation, les autres passeront. 

Why Do You Have To Put A Date On Everything” repart sur des bases plus rythmées. Le titre rappelle le pop punk de ses précédents essaies, à la limite d’un rock’n’roll pour lycéennes en mal de testostérones. Ne manquez pas l’interlude de la 4ème minute, Superchunk savait y faire. On enchaîne alors avec “Without Blinking“, un titre crunchy tout plein de pop.  “Keeping Track” laisse apparaître plus d’amertume, un titre à la Built to Spill des années ’90. 
Trêve de désespoir, passons à “Revelations“. Le son de cette guitare, du grunge en puissance qui ne demande qu’à exploser, a pour lui une gravité qui enchaîne avec elle dès lors que la batterie vient supporter le tout. Une fois encore, Built to Spill n’est pas loin, on croirait entendre les effets de “Car” (sorti la même année). “Stretched Out” (hello Pavement) dévoile les derniers cris avant que ne vienne “In A Stage Whisper“. Personne ne sait véritablement où le groupe va avec ce titre-là, peut être vers du post rock ou quelque chose de plus arty encore. Toujours est-il que ce titre est le bienvenu. 

Superchunk ne s’embarrassait pas des conventions, il ne traitait que des thèmes qu’il avait à coeur et jouait la musique d’une époque avec tout le détachement nécessaire à sa longévité. La bassiste, Laura Ballance, le résume très bien : “The entire time I’ve been in the band, people have asked, ‘What’s it like being a woman in a band?’ It’s like being a man in a band“. Voilà qui est dit, Superchunk n’avait pas l’intention d’être à l’avant-garde des combats féministes, il n’avait pas plus l’intention de révolutionner la musique indépendante ni même le rock.

Alors, il emprunte certes une partie de son identité sonore à Sonic Youth, à Built to Spill pour la façon de poser la voix sur la musique ainsi qu’à quelques autres formations pour le côté crunch pop, mais n’allons pas croire que cela suffisait à créer des groupes à inscrire dans les livres d’histoire. Beaucoup s’y seront essayés et Superchunk l’a fait bien mieux que la plupart d’entre eux. 

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