Anachronique : The Slits (Punk)

The Slits, the Queens of Punk. Les Slits étaient un groupe de punk formé à Londres en 1976. Auteur d’un seul album dans sa formation originale, Cut, en 1979, il se séparera rapidement avant de se reformer quelques années plus tard. Logiquement, cet article entend décrypter ce premier essai, un premier cri au monde qui pourrait bien avoir influé un large mouvement. J’ai déjà eu l’occasion de citer les Slits à 8 reprises sur Still in Rock, il était donc temps de mettre un écrit sur cette musique de référence.
Ecrire sur les Slits, c’est écrire sur l’un des meilleurs groupes de punk, mais c’est aussi écrire sur un mouvement social, celui qui a accompagné le féminisme.
Dans une conversation passionnante (lien), Kim Gordon et Carrie Brownstein évoquaient ce que représente le fait d’être un all girl band ! Elles faisaient très justement remarquer qu’on ne demandait jamais à un groupe masculin ce que représentait pour eux d’être un all man band. La réflexion me semble très juste en 2015, bien moins en 1979. Des groupes comme les Slits ont participé de l’émancipation féminine, de la seconde libération sexuelle ainsi que de la création de légendes punk. Les Slits jouaient sur le fait d’une musique sexuée, tout nous y raccroche, le nom (“les fentes”, excusez du peu), la pochette, les paroles, le look, l’ironie, la délicatesse punk.
Guy didn’t know whether to fuck us or kill us“, comme le confiait la guitariste Viv Albertine. Logiquement, le premier titre d’empowerment arrive avec “Instant Hit“. Les Slits l’assènent à l’envie, ‘He is too good to be true’. Ce titre donne parfaitement de là, il est silly, super efficace, punk et bien senti.”So Tough“, le second, est une véritable parti de plaisir. L guitariste des Slits avait pris sa première leçon de guitare avec Joe Strummer The Clash. Cela participe de créer une vocation. Ce titre, parfois sur un univers qui me rappelle Stiff Little Fingers, est l’un des tous meilleurs de cet album. La voix d’Ari Up y est délicieuse. “Spend, Spend, Spend” parle de lui même. Le rythme très africain y est renforcé, les Slits s’attaquent à la consommation de masse sur fond d’un afro punk novateur.
Shoplifting” et “FM” sont peut-être moins convaincants, plus fidèles au son punk de l’époque. L’influence des Sex Pistols y est évidente. “Newtown” réintroduit l’énergie plus exotique de l’introduction. Il faut, à mon sens, attendre “Ping Pong Affair” pour retrouver le grand Slits. La proéminence de la basse rappelle Richard Hell, il a l’air bien ce ping-pong. “Love und Romance” est encore un cran au-dessus et la monté en puissance est matérialisée par “Typical Girls“. Ce titre-là, de loin le meilleur de toute la discographie des Slits, est à inscrire parmi les tous grands morceaux du genre. En deux-temps, il fait resurgir les deux visages des Slits, l’un charmeur et aguicheur, l’autre plus féroce, comme complémentaire. Jamais, peut-être, n’ai-je autant regardé un vidéo clip que ce dernier, exception faite de “Carrot Rope“. L’album se conclut enfin sur “Adventures Close to Home” qui rappelle Television Personalities.

Un IndieGogo (lien) vient d’être lancé pour la finition d’un documentaire consacré aux Slits. Le réalisateur a fait l’objet d’un interview sur Huck Magazine (lien). Comme il le dit très bien, les Slits étaient juste un groupe, et pour des raisons obscures, l’environnement sociale de cette époque leur interdisait l’idée d’être tel qu’elles étaient, un groupe de punk, à la recherche de lui-même. Plus que les autres, les Slis auront participé de briser les barrières de l’impossible sexuel dans la musique. Peut être, d’une certaine façon, ont-elles accouchés de la scène Punk de Washington des années ’90, celle anti-war qui, bien que pleine de testostérone, avait su dépasser le sujet punk de ’77. C’est en cela que les Slits ont participé de créer de Riot grrrl. Ce n’est pas rien ! 
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