Album Review : Alex Calder – Time (Blue Wave)







—– FRENCH version (English one below)


Alex Calder, plus que jamais. Notre artiste canadien préféré de l’année 2013 dévoilait en janvier un premier single très réussi, “Suki And Me” (article). Depuis, Still in Rock a eu la chance de l’interviewer, d’en apprendre plus sur sa relation avec Mac DeMarco, sa passion pour Austin Power, et son grand ami imaginaire, Billy. Son premier EP sortira le 19 mars prochain. Et c’est grand. Plus encore que ce à quoi on pouvait s’attendre. Et pour cause, dans l’interview donné à Still in Rock, Alex Calder aimait à penser que les sept titres de cet EP étaient “diversifiés tout en ayant un son commun“. Et c’est tout à fait ça. Pas une seule seconde d’ennui, pas un seul accord qui ne nous captive pas. Time est une très belle création, étonnante de surréalisme. 

Time est un EP très sobre où Alex Calder place son auditeur proche de lui. Le son est intime, on participe à une expérience que peu ont eu la chance d’avoir. Alors oui, il sera nécessairement comparé avec Mac DeMarco. Mais Alex Calder ne s’en cache pas : ils sont grands amis, jouaient dans le même groupe et ont des influences communes. Pourquoi se plaindre d’un EP à la hauteur de ce qu’a pu produire Mac l’an dernier ? (pour rappel, 2, l’album de Mac, a été classé 4eme meilleur album de l’année par Still in Rock : lien). La musique de cette trempe est bien trop rare. De plus, Time est assurément plus brumeux. Un sous-genre dans cet univers Blue Waves où la torpeur ambiante ne saurait cacher une virtuosité évidente.

Toute la symbolique d’une journée peut être tracée sur les titres de cet opus. “Light” est le réveil ensoleillé là où “Time” fait la part belle à une après-midi de paresse. “Captivate” est assurément l’avènement d’une nuit noire et “Fatal Delay” – le meilleur titre ?! – une soirée bien peu productive. Location“, poumon de l’opus, élève Alex Calder dans un monde chimique où seule l’horloge du temps défile sous nos yeux impuissants. Mais pour en savoir plus, place à la critique détaillée : 

  • Suki and Me (ici) : Nous revoilà entrés dans le monde apathique de Mac DeMarco, pays où la reverb’ est reine. “Suki And Me” suscite toujours la même émotion après des dizaines d’écoutes, c’est trop paresseux pour que l’on puisse s’en lasser. Selon l’aveu d’Alex Calder, ce titre “évoque un chat que j’avais quand j’étais gosse. Il n’y a pas de véritable sens derrière tout ça, juste une sorte de nostalgie de ne plus être enfant.” (interview Still in Rock)
  • Light Leaves Your Eyes Si l’introduction semble annoncer un titre très linéaire, la mélodie – qui en fait n’en est pas une – vient agréablement diversifier ce morceau. “Light Leaves Your Eyes” est un titre au tempo rapide, Alex Calder semble y être pressé, dans l’urgence de sa mélodie Blue Wave. Symbolique d’un réveil ensoleillé, la perspective d’une belle journée s’annonce.
  • Location Inventif, varié et entêtant : “Location” est une pièce maîtresse de cet EP. Les riffs de guitares semblent dégringoler des escaliers pour finalement arriver dans le salon enfumé d’Alex Calder, là où il se trouve en compagnie de Mac. Avec un battement pour chaque nouvelle seconde, ce titre est le poumon de l’opus.
  • Time On retrouve le lo-fi posé sur la voix pour un titre malheureusement trop court. L’après-midi d’Alex Calder suit son cours sans la moindre perturbation, quelques reverb’ toujours à porté de main. On ne sait jamais ce que Time pourrait nous réserver.
  • Captivate Pièce la plus psyché de l’opus, “Captivate” est un formidable travail d’introspection. En plein dans le cerveau d’Alex Calder, le son de guitare très sec qui opère en background donne à ce morceau un aspect très mécanique. Si le soleil commence à baisser, la touche de l’artiste est toujours là.
  • Fatal Delay Fatal Delay” n’est jamais là où on l’attend. Les notes de guitares surgissent un peu de nulle part. Le tout est splendide. Sûrement le titre le plus puissant de cet EP, Alex Calder fait partir notre esprit en fumé. La tombée de la nuit à d’étranges effets. Et la reprise à 2min47 est tellement jouissive. Attention, ce refrain pourrait bien devenir votre leitmotiv, donnant à toute personne le fredonnant d’étranges airs de Marquis de Sade.
  • Lethargic Le nom de ce titre parle de lui même. Echouant sur les méandres de l’inertie la plus totale, Alex Calder parvient là en conclure en beauté une journée/EP qui aura été riche en belles surprises.

Véritable glue sonore, cet EP n’a pas été conçu pour en jeter plein les yeux. Il n’en est pas moins fascinant, donnant une nouvelle définition à ce qu’est la léthargie musicale. La scène canadienne tient définitivement le bon bout, créative, expérimentale et extrêmement convaincante. Les titres “Location” et “Fatal Delay” sont assurément remarquables, narcotiques où la langueur de la guitare n’a de semblable que Mac DeMarco.

J’imagine que le moment idéal pour écouter Time serait un jour de grisaille. Oui, ce serait vraiment l’idéal. Alex Calder est un artiste qui s’appréhende à travers le temps, au fil des heures, sans perturbations ni désagencement. La structure de sa musique est tout aussi obscure que le sont ses sonorités. Time est une création ineffable, un gros mot pour une fabuleuse réalité.


Note : 8,2 / 10 (barème)


—– ENGLISH version

Alex Calder, more than ever. In January, our favorite new Canadian artist released the great first single “Suki And Me”. Since then, Still in Rock got the chance to interview him and to learn more about his relationship to Mac DeMarco, his passion for Austin Power, and his imaginary friend, Billy. His first EP comes out March 19 , and it’s great – better than we could’ve hoped. Calder likes to think that the seven songs on this EP are “all different, yet sharing a common sound”. Which is exactly right: there’s not a second of downtime, not a harmony that doesn’t catch the ear.  Time is a beautiful thing, amazing in its surrealism.

Time is a sobering journey, for which Alex Calder pulls his listener in close. The sounds are intimate, and we share an experience that few have had the chance to have.  So yes, a comparison with Mac DeMarco will be done. But Alex Calder doesn’t hide: the two are good friends, playing in the same band and sharing many influences. Why complain about an EP in lieu of what Mac produced last year?  (Remember, Still in Rock ranked DeMarco’s 2 the fourth best album of the year: link).  Music of this caliber is far too rare. Too, Time is more dreamy. It’s a sub-genre in the Blue Wave universe where the stillness in the air can’t hide the obvious virtuosity of his work.

The songs of the album trace a day. “Light” is the sunrise that leads us toward the lazy afternoon that is“Time”“Captivate” is the beginning of a pitch black night, and “Fatal Delay” – the best track?! – transitions us into an unproductive night out. “Location” lifts Calder into a world of chemicals where time would just march by without our eyes watching helplessly. 

Veritable sonic glue, this EP wasn’t designed to fling your eyes open. But it’s no less fascinating, giving a new definition to musical lethargy. The Canadian scene is definitely on the right track: creative, experimental, and extremely convincing. The songs “Location” and “Fatal Delay” are specifically remarkable – narcotics with a guitar in the same style as Mac DeMarco.

I think the ideal moment to listen to Time is on a rainy day – yes, that would be ideal. Alex Calder is an artist who traverses time, on the thread of the hours, without interference or distraction. The structure of his music is as dark as its sounds. Time is an ineffable creation, a swear word for a fabulous reality. 

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