Album Review : Christopher Owens – Lysandre (Indie Soft Pop)









Album Review : Christopher Owens


 Lysandre 






Laisse tomber les filles
. Ancien leader du groupe Girls, Christopher Owens n’en est plus à faire ses preuves. Artiste accompli et reconnu de tous, il annonçait en juillet dernier qu’il quittait son groupe de toujours, au grand désespoir de beaucoup. Alors, lorsqu’il a annoncé en octobre la sortie de son premier album solo, une nouvelle vague d’espoir s’est fait jour.
Nommé Lysandre (le nom d’une fille que Christopher a rencontré durant un festival, en France, en 2008) et programmé sur le label Fat Possum pour le 15 janvier 2013, Christopher décrit son album comme “A coming of age story, a road trip story, a love story.”. Enregistré avec Doug Boehm, le producteur de Girls, il est composé de 11 titres, tous mené par le thème introductif, “Lysandre’s Theme”. Notons que bon nombre de créations remontent à plusieurs années, telles que présentées par Still in Rock en 2010 (ici). Christopher a pris le temps de la création. 

Cet opus ne ressemble pas à ceux de Girls. Que ce soit dit, il est en bien deçà du majestueux Father, Son, Holy Ghost (ici). Tout au long de Lysandre, la mélodie donnée par l’introduction revient en boucle. Si l’effet est intéressant, l’impression d’écouter le même morceau apparaît rapidement, lassant un auditeur pourtant avide de sensations nouvelles et inconnues. Plus intime encore que ce que l’étaient les créations de Girls, on y perd aussi en grandeur. Les mélodies sont également bien moins recherchées. Si Album et Father, Son, Holy Ghost avaient su transcender la délicatesse de Christopher, Lysandre ne produit pas le même effet. La magie musicale ne tient souvent qu’à un fil, et il est ici partiellement rompu. Attention, cet album contient quelques titres qui méritent néanmoins nombre attention. Lesquels ? Pour y répondre, place à la critique détaillée :



  • Lysandre’s Theme : Ainsi le concept album est-il introduit. Ce thème sera celui qui reviendra à travers chacun des titres de l’opus.

  • Here We Go (ici) : Ce titre est une belle démonstration de la nouvelle ligne de Christopher Owens. La première écoute surprend. La seconde conquiert, et les suivantes enivrent. “Here We Go” fait définitivement partie des meilleurs morceaux de l’album.

  • New York City : Un titre plus jovial et égayé. Plein d’entrain, Christopher y dépeint son amour pour New York. Est-ce transcendant ? Clairement pas. Ces quelques minutes demeurent néanmoins attachantes. Le solo de cuivre y est pour beaucoup.

  • A Broken Heart : Un titre nommé “A Broken Heart” et mené par Christopher Owens ne pouvait être que suave et raffiné. Fidèle à ce que l’on était en droit d’attendre, “A Broken Heart” s’impose comme l’un des plus convaincants morceaux de l’opus. Sans prétention, il est un bel exemple de ce que la musique peut produire lorsqu’elle est accompagnée de spontanéité.

  • Here We Go Again : Un titre plus pêchu où la réponse est donnée au premier “Here We Go“. Ce titre très pop en devient troublant tant il est plaisant et répétitif. C’est probablement lorsque réapparaît une fois encore le thème de l’opus que l’on commence à être lassé de ce refrain. Le début de la fin, en somme.

  • Riviera Rock : Voilà un morceau original. “Riviera Rock“, sur fond de cette même mélodie, est une ballade instrumentale où l’on se laisse bercer par la sérénité ambiante.

  • Love Is In The Ear Of The Listener : Sans réel attrait, “Love Is In The Ear Of The Listener” aurait probablement dû être coupé de la maquette. Christopher Owens en fait un peu trop, donnant à entendre un morceau que l’on oublie aussitôt l’écoute finie.

  • Lysandre : Un titre qui nous connaissions depuis 2010. “Lysandre” est guilleret, taquin et ensoleillé. Trouvant le juste milieu entre les différentes facettes de Christopher Owens, ces quelques minutes sont à conserver.

  • Everywhere You Knew : On retrouve là l’esprit des premières demos solo de Christopher, seul contre le monde, accablé par des sentiments difficile à dissimuler. Mais une fois encore, ce titre ne semble pas au niveau de ceux dévoiler par Girls il y a deux ans.

  • Closing Theme : Le “Closing Theme” en rappel des trente premières secondes. Une fois encore. 

  • Part Of Me (Lysandre’s Epilogue)L’épilogue est finalement à l’image de cet opus : étouffer par l’idée de concept-album, agréable mais trop ordinaire.




Difficile de ne pas se montrer déçu une fois la lecture de l’opus entièrement écoulée. Le concept-album qu’a voulu produire Christopher Owens, certes souvent père d’idées brillantes, est ici mal conçu. Les éléments de chacun de ses titres sont moins distincts et notoires que sur les créations de Girls, et c’est regrettable. 


Lysandre peine ainsi à susciter de réelles émotions. N’évoquant que peu d’images, on perd tout l’aspect contemplatif de la lecture d’un très bon opus. Le jugement est certes sévère tant Lysandre sera meilleur que 90% des créations dites indépendantes de l’année à venir. Christopher Owens est un artiste destiné à côtoyer les sphères inconnues de la musique. Nous attendrons donc encore quelques mois, car je ne peux douter que la prochaine de ses créations sera au niveau de son talent.




Note : 7,4 / 10 (barème)


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2 Comments

  • RBCells

    Je sors de mon silence pour 30 secs (je lis le blog tres régulièrement, j'ai juste pas le temps de t'embêter) pour défendre un titre : Love is in the ear of the listener.

    En tant que songwriter, c'est dommage de ne pas parler des paroles des chansons. Personnellement c'est celle-ci qui a retenu le plus mon attention. Tout le reste de l'album se résume en "nous nous aimions c'était génial mais ca ne pouvait pas marcher". Sur Love is in the ear… il parle vraiment de lui même et de son travail en tant que musicien non seulement dans Girls mais aussi en solo, en affirmant qu'il n'en a rien a foutre d'écrire des chansons que tout le monde a déjà entendu et qu'il est honnête et ne se censure pas. C'est en ça que je trouve que c'est une chanson qu'il faut absolument garder sur cet album introducteur de son travail solo. Surtout que d'après ce que j'ai lui, la suite n'aura rien avoir avec ça ou avec le travail de Girls.

    Comme toi, je trouve aussi l'album léger malgre la coherence generale du truc. Au dernier concert auquel j'ai été (Foals – c'etait genial btw) j'ai entendu des gens se plaindre du concert de Christopher Owens a la Gaité parce que c'etait trop court. Peut etre que c'est ca le probleme. Sinon bon je pense que l'ere GIRLS est vraiment révolue et qu'il faudra probablement s'attendre a du très bon et du moins bon avec Chrissy Baby.

    En tout cas j'espère que ça se passe bien a Brooklyn !

  • Still in Rock

    Heureux de te savoir en bonne santé ! Tu as parfaitement raison pour "Love Is In The Ear Of The Listener". Seulement, je trouve ça sur-joué, comme sa façon de chanter sur ce même titre. Ce texte est pour moi une façon de se mettre à l'abris de la critique. Il est apparemment très réceptif à ce qui se dit sur lui, très pointilleux en interview et sur les réponses publiées, je ne crois donc pas à son détachement. Bonne chose ou pas. C'est pour ça que j'ai préféré ne pas en parler, c'est résumé en "il en fait un peu trop". L'ère Girls est révolue, dommage.

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