Les Wytches et mon obsession malsaine pour Halloween

Vous savez, j’ai vraiment essayé. 5 fois ! 5 fois, j’ai écouté le nouvel album des Wytches en me disant qu’il me fallait trouver quelque chose d’autre à en dire que les sorcières, Halloween, le gore, le garage, tout ça, tout ça.. Je me suis dit qu’il me fallait me différencier de la presse que j’exècre, les Inrocks, les Rolling Stones Magazine et toutes ces rédactions qui ne confient jamais qu’aux stagiaires de passage les critiques d’album “indie” tandis que les journalistes de métier réservent des pages entières à Lady Gaga (j’y reviendrai).

Ouais, mais c’est impossible. The Wytches, c’est Halloween, un point c’est tout. Cette année, j’ai dédié chacune de mes soirées du mois d’octobre à des films du genre (voir cette liste de mes 50 films d’horreurs préférés, pas forcément Halloween), et chaque jour, j’attendais que l’album des Wytches vienne ponctuer le reste de mon temps. Pour me la jouer à l’américaine, j’ai acheté un petit projecteur avec quelques mini clips Halloween à foutre sur ma vitre (mes voisins ont beaucoup aimé), et j’ai fait mes citrouilles.

Je me suis amusé à en faire des caisses, un peu comme ce pauvre type dans National Lampoon : il est obsédé par les décorations de Noël, comme pour combler un vide. Plus ça en devenait ridicule et mieux c’était. Je ne me suis donc pas laissé démonté par le délai – annoncé trop tardivement – de la sortie de Three Mile Ditch, troisième album des Wytches. Je me suis sagement contenté des singles, et pour le reste, j’ai occupé mon temps libre à faire cette playlist Halloween : lien

L’album susvisé sort finalement ces jours-ci. On y retrouve les Wytches que l’on attendait. Seulement, ils sont plus romantiques qu’ils ne l’étaient sur leurs deux premiers essais. Ils se rapprochent en ce sens de la chanson type d’Halloween, surtout de sa version américaine – là où déguisement rime avec excuse pour montrer son cul et se la jouer sorcière enchanteresse.

Une chose est sûr, avec cet LP, les Wytches quittent définitivement la scène garage des années 2010s pour… repartir en arrière. Lorsque j’écoute Three Mile Ditch, j’ai l’impression de voir ce vieux film d’Halloween en noir et blanc, avec des sorcières sur des balais, l’image grésillante – comme impatiente à l’idée de nous dévoiler quelques nouveaux monstres… Cet album joue sur les clichés d’un monde gothique et sensuel. Il est érotique. Il se la joue Bell, Book and Candle.

The Wytches délivre ainsi la bande-son d’un nouveau film gothique façon grosse prod’ d’Hollywood ; il coche toutes les cases de la romance façon cinéma. Il me fait penser à Stephen King. Je vois un village de pécheur dans la Maine, un peuple heureux et insouciant qui s’active la journée, et se fait décimer une fois le soir venu. J’y vois Salem, fabuleux roman de l’écrivain. J’y vois un groupe qui n’hésite pas à s’opposer à la post-romance de la Blank Generation 3.0. J’en parlais en février dernier (ici), quelques études empiriques relèvent “une corrélation entre la disparition des chansons d’amour, d’un côté, et l’explosion du nombre de chansons haineuses, de l’autre”. Les Wytches, eux, ne s’embarrassent pas de cette connerie post-amoureuse. Et si la voix de Kristian Bell n’a rien perdu en intensité, il ne cesse de marteler ses paroles introspectives.

Le reste, c’est une affaire d’ambiance, “Meat Chuck” et “Cowboy” pour se convaincre de ses envies de grand écran. Là où Annabel Dream Reader était nerveux – à la White Stripes, et là où All Your Happy Life était presque nineties, Three Mile Ditch est pictural, fifties, il est old fashioned. Il ne fait pas avancer le schmilblick, il le conforte. Il vient nous dire que les traditions ne sont pas que pour les cons. J’ai pourtant longtemps été de cet avis.



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