Ripshark, c’est un groupe originaire de Detroit (Michigan) tout beau tout jeune qui a fait paraître son premier EP le 15 juin 2018. Il aime Pavement. (la phrase devait être simplement énoncée). Enregistré au Pineapple Studios et composé de 5 titres, son EP s’inscrit dans la lignée des groupes qui, comme moi, sont bloqués dans les années 1990. Parce qu’ils semblent à peu près avoir mon âge, je doute qu’ils aient trop connu les gros festivals de ces années-là, et peut-être que ceci explique cela : comment renoncer à l’idée nineties sans l’avoir trop connu ? Comment, aussi, se soumettre à l’idée 2010 qui est drôlement plus limitée ?! Non pas que les années 2010s ne soient pas les meilleures de l’histoire – je le défendrai un jour – mais le fait est que l’idée qui se cache derrière ces 10 années est bien pâle par rapport à ce qu’elle a pu être. Et pour cause, trop peu de groupes ont même conscience qu’ils défendent une idée. Alors, plutôt que de feinter une pleine conscience, Ripshark a décidé d’aller voir ce qu’il se passait du côté de 1992, et il a probablement bien raison.



Après Slanted & Enchanted, voici Stoned“. Ripshark, sans tarder, attaque avec un énorme élan indie rock que l’on va retrouver tout au long de cet album. Il le fait très bien, la production est excellente, la voix est bien enregistrée, bien placée et parfaitement nonchalante, on est en plein dans le nineties, that’s right, il ne reste qu’à regarder Clerks.

Et dès le second morceau, Ripshark vient nous dire que tout ira bien parce qu’il sait comment prendre soin de nous avec des morceaux plus contrôlés. Des slows. Des parades pour ceux qui ne paradent pas. Sleeper State” est en effet un morceau pour ceux qui vivent les désillusions plus fortes que leurs rêves. Ripshark rip Pavement jusque dans le style des paroles. Quant à la montée en puissance, elle rappelle bien évidemment “Fillmore Jive“, ce titre mythique parmi tous. Le même commentaire vaut probablement pour Untitled” qui fait des générations un repère dans le temps.

Avec Manifest Destiny“, Ripshark nous donne le titre “Shady Lane“. Elle est belle, elle est parfaite, elle existe. Et All The Same” de conclure le tout sur la note de cynisme que l’on attendait logiquement. C’est en réalité un véritable tour de force. Ripshark est brillant lorsqu’il calme le jeu, voilà une piste à explorer, me semble-t-il.



Au final, Ripshark ne s’aventure à aucun moment sur la pente de la musique post-nineties. Il n’y a rien de post dans la musique de Ripshark, et peut-être est-ce là une difficulté de cet EP : sans égaler les grands groupes des années 90s – comme sait le faire TH da FreakRipshark n’apporte pas non plus sa pierre à l’édifice modernisme. Ainsi peut-on se demander s’il ne serait pas bienvenu que son deuxième EP vise d’autres contrées. Oh, il ne s’agit pas de contrées lointaines qui ne rappellent en rien les nineties, mais d’être tout simplement plus ambitieux, ce qui est probablement contre nature considérant la musique que développe Ripshark. 


(mp3) Ripshark – All The Same 

Tracklist : Ripped Off (EP, 2018)
1. Stoned
2. Sleeper State
3. Untitled
4. Manifest Destiny
5. All The Same


Liens :
Article sur Pavement
Article sur TH da Freak


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