Album Review : Bon Iver – Bon Iver (Post Folk)


Sachez, avant toute chose, que la raison d’être de StillinRock est le partage des moments comme celui que je vous propose aujourd’hui.


Bon Iver vient de faire paraitre un album éponyme, son second, tel un artiste qui accepterait enfin le talent qui lui ait donné. Son premier album en effet, “For Emma, Forever Ago“, fut composé dans la maison de pêche du père de Justin Vernon, lieu perdu dans le Wisconsin où il avait décidé de se réfugier pendant l’hiver suite à une déception sentimentale. En cet opus éponyme, chaque chanson est la représentation d’un lieu. Justin Vernon a déplié son planisphère pour notre plus grand plaisir. L’album est au final est des voyages les plus riches que vous n’ayez jamais faits. Sont de la partie le saxophoniste Colin Stetson (Arcade Fire) ainsi que le guitariste Greg Leisz (Wilco).


Cet album fait croire à ce qu’il y a de plus mystique dans la musique, il la transcende et élève son pouvoir le plus divin en des sphères plus hautes encore.


Plus les titres défilent à la lenteur des paysages exposés, plus votre gorge se serre et les battements de votre coeur s’accélèrent. Si l’introduction sous forme de marche militaire donne le tempo, votre voyage prendra diverses allures selon que vous réécouterez des titres plusieurs fois, saisi par la splendeur du décor ainsi que la profondeur de ces derniers. C’est finalement vers la fin de votre périple que le plus beau arrivera avec le duo ” Wash / Calgary “. Le premier vous subjuguera par son évidente pureté, sa sensualité et son inimaginable complexité, lorsque le second, tel un amoureux quittant les lieux de ses premiers ébats feints de ne pas être abattu, son sourire ne présageant en réalité que l’amertume de ses adieux.


Bon Iver fait ici réaliser à chacun la velléité que l’on doit apporter à ce qui empêche la pensée et la création. Son opus est une ode à la réflexion comme il est une ode à l’égarement. Si les termes d’introspection musicale vous sont ambigus, l’écoute de “Bon Iver” convaincra les plus téméraires. Il doit être vécu telle une chance de s’extraire de son fort intérieure (à l’image du dernier des Fleet Foxes), une escapade peut être douloureuse, mais tellement nécessaire. Si son premier album tire clairement vers la folk, ce dernier, bien que n’oubliant pas son essence première, se laisse porter plus volontiers vers le sens premier du terme, très XX°, lorsque Jack Kerouac traçait la route d’une nouvelle épopée. Rien de ce qui ne fut jamais fait dans l’histoire de la musique n’a jamais sonné, qu’un tant soit peu, comme Justin Vernon. Les paroles sont une force évidente de ce génie (d’ailleurs disponibles à ce lien). Elles ne sont pas naïves ni même utopistes, elles sont ce qu’elles devaient être, sincères et profondes. De plus, cet album vient corroborer ma théorie bien connue (de vous chers lecteurs et … moi-même) selon laquelle les grands albums sont composés de … 10 titres.


Bon Iver” : un album à écouter les yeux fermés, seul, et de préférence dans la pénombre d’une fin de journée. Place à la critique détaillée.


Écouter l’album en streaming


  • Perth : Introduction marche militaire pour donner le pas d’un album qui ne suivra jamais le même, préférant osciller entre divers monts et divers univers, à l’image de “Perth“. Ce premier titre énonce toutes les pièces maitresses à venir : rythmique parfaite et variée, guitare, percussions, des arrangements de très grande qualité ainsi et surtout que la voix d’Ange de Justin Vernon.

  • Minnesota, WI : Le Minnesota, bordée par le Dakota et la frontière canadienne est une des premières terres d’accueil de la folk music aux Etats-Unis. Ce titre rend le plus beau des hommages à cette page de l’histoire de la musique. L’arpège, au demeurant magnifique, s’apparente à une ballade en barque sur un des nombreux lacs de cette terre promise. Un grand titre.

  • Holocene : Si l’Holocène n’est cette fois-ci pas un lieu, mais bel et bien une période interglaciaire d’environ 10.000 années, Justin Vernon semble errer à travers ce temps. Plus encore, il s’élève et semble surpasser ces considérations humaines. Son orchestration est intemporelle, sa voix, venue d’ailleurs, ne connaît pas de limites, “Holocene” est encore une réussite qui laisse sans voix.

  • Towers : La même recette que sur les titres précédents, mais utilisée différemment. Bon Iver captive à chacun de ces morceaux par sa capacité à créer du nouveau avec du génial. Abstrait ? “Towers” vous éclairera.

  • Michicant : Le premier titre où une sensation de tristesse incomprise vous envahira. Bon Iver y partage sa souffrance que vous comprenez, elle semble seulement inconnue du reste du monde. “Michicant” est modèle du genre, Justine Vernon, nous te sommes reconnaissants.

  • Hinnom, TX : Ne tremble pas épicurien, vis là simplement la déchéance d’un Bon Iver qui semble profondément touché.

  • Wash. : La pièce maîtresse qui vient parfaire ce chef-d’oeuvre. Frissons et larmes aux yeux ne devront pas vous étonner. Ne gâcher rien de ce titre dantesque, écoutez le seul et dans le noir. Que dire de plus face à la perfection ? Rien, se taire et remercier.

  • Calgary : Sensible puis fulgurant, le génie de Bon Iver ne peut pas être mieux représenté. Cet artiste dispose d’une palette de couleurs extraordinaire, “Calgary” est un autre voyage dont vous vous souviendrez des années, peut-être plus encore.

  • Lisbon, OH : Interlude que l’on aimerait voir durer des heures.

  • Beth/Rest : Un titre plus années 80′ que Folk, “Beth/Rest” lui aussi était indispensable à “Bon Iver“. Le chant du cygne.


C’est épuisé que je fini l’énième écoute de ce chef d’oeuvre, heureux d’avoir une nouvelle fois vécue ce grand moment. En somme, il est un album qui surpasse de très loin ce que l’on peut habituellement entendre. Un album qui, dès sa première écoute, s’impose, s’inscrit immédiatement parmi les grands et obtient une place toute particulière dans nos coeurs. Ne vous étonnez pas si vous tremblez à l’écoute de cet album, ni même si une envie de communiquer la grandeur de ce dernier à la terre entière vous envahit. Vous venez de découvrir un opus qui, probablement, marquera votre vie. Quoi de plus normal ? Il en faut certains qui feront partie de vos albums cultes, “Bon Iver” sera de la partie.



Note : 9,7 / 10 (barème)



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7 Comments

  • Anonyme

    En fait j'avais juste écouter quoi 40 secondes de Perth que j'ai dit non je ne peux plus continuer. Il fallait que je sache si cette merveille avait autant ému d'autre que moi. Et je suis tombé sur ton site. Tu ne peux pas savoir comme je te suis reconnaissante d'avoir pu trouver des mots aussi justes pour décrire ce dernier de Justin Vernon. J'ai essayé de le faire aimer autour de moi, mais je suis tellement émue quand j'en parle alors… Mais je crois que cet album se fait aimer tout seul. Je crois qu'Adele a été détroné dans mon coeur. Mci j'adore ton site. Sûre que j'y reviendrai

  • Still in Rock

    Si fan de Bon Iver tu es, fan des Fleet Foxes tu seras : https://www.stillinrock.com/2011/04/album-review-fleet-foxes-helplessness.html

    Sit back and enjoy,
    keep on rocking,

    🙂

  • Anonyme

    Tu as tellement raison…

  • Anonyme

    "Que dire de plus face à la perfection ? Rien, se taire et remercier." <3

  • Anonyme

    Merci!! Tu as su écrire ce que je ressentais en écoutant ce magnifique album…

  • MusicForTheRoad

    Très bonne critique d'un album incroyable de justesse et de beauté, je ne m'en lasse pas! (j'en ai d'ailleurs fait une critique, ou plutôt un éloge! http://music-for-the-road.blogspot.fr/2013/04/bon-iver-2011-bon-iver.html )

    Très bon site par ailleurs (bien installé dans mes favoris 😉 ), je te souhaite une bonne continuation!

  • forgivenessandlove

    Si dur d'exprimer tout l'amour que j'ai pour cet album.

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