LP Review : Thee Oh Sees – Live in San Francisco (Psych Stoner)

Thee Oh Sees est un titan. Tout ce à quoi le groupe touche depuis un bon moment se transforme en or, ou plutôt, est immédiatement traduit avec le plus beau de tous les éclats. On se souvient ainsi qu’il avait délivré le meilleur album de l’année 2015 (voir notre classement), un LP de stoner psyché dont on n’est toujours pas remis. Surprise, il a annoncé il y a quelques jours qu’il allait revenir le 12 août prochain avec un nouvel album, A Weird Exits. Un premier single est d’ores et déjà disponible à l’écoute, il s’agit de “Plastic Plant“, et comment dire ? C’est déjà tellement bon que l’on se dit que viser la première marche des meilleurs albums de 2016 sera également possible. Voyez plutôt : 

Mais revenons-en à nos moutons. Le véritable sujet du jour, c’est la sortie d’un album live. Intitulé Live in San Francisco (il vient avec un DVD filmé par Brian Lee Hughes), il intègre la série développée par Castle Face Records (le label de John Dwyer), rien de plus logique donc. On y trouve désormais White Fence, Fuzz, Useless Eaters et quelques noms qui méritent également une place sur vos étagères. Mais force est de constater que celui-ci à une saveur toute particulière. 
On appréciera d’entrée le petit “bip” bien ricain qui vient nous rappeler qu’on ne rigole pas avec le cul au pays de l’oncle Sam. Quelle idiotie. La musique que contient cette album est d’une telle violence, d’une telle salissure, que l’on se dit qu’ils auraient été mieux inspirés de laisser le “fuck” et biper tout l’album. Ce serait bien ça, un album bipé (on me signale que c’est déjà ce que fait la scène électronique…). Quoi qu’il en soit, “I Come From The Mountain” attaque d’entrée très fort. Dwyer est nasillard et punk, ça va déjà vite, 0 répit 0 préparation, les Oh Sees, c’est à fond ou rien. 
Le groupe enchaîne avec “The Dream“, l’un de ses meilleurs titres jamais composés. De l’album Carrion Crawler / The Dream paru en 2011, il n’est jamais que le dernier prétexte pour mettre à mal le système sono. Vient alors “Tunnel Time“, un titre du difficile Floating Coffin paru en 2013. Sur sa lancée psychédélique, il continue à torturer un peu sa guitare, pour le plaisir des amateurs de sons expérimentaux. Et puis, on y trouve également un peu de Damaged Bugs, je ne saurai en dire plus. 
Le Face A se conclut finalement sur “Tidal Wave“. Bien que paru il y a 7 ans déjà sur Woodsist (la maison de White Fence, Sic Alps et j’en passe), on est heureux de constater qu’il produit toujours autant d’effet. Ils ont beau dire avec leur rock sixties immortel, celui de John Dwyer l’est tout autant. Tout est là, une structure si simple qu’on se roulerait par terre, les cris qui le caractérise, une guitare trempée dans le fuzz et toujours cette batterie qui décharge sans discontinue. Ne cherchez pas plus loin. 

Le premier titre de la Face B, et accessoirement le single, est “Web“, le premier morceau de Mutilator Defeated At Last a être exposé sur cet LP. Le titre n’est pas le plus explosif de l’album, ce qui fait pourtant sa force. Dwyer se “rattrape” avec un passage instrumental à la troisième minute qui fera pâlir Sarah
Man In A Suitcase” prend le relais. On se souvient que le groupe avait dévoilé la version studio de ce morceau en février dernier (article). Ça manque un peu de basses mais on ne peut s’empêcher de se laisser cueillir par les gammes de la 4ème minute. Voilà le titre le plus instrumental de cet album, et que les Oh Sees y sont forts. “Toe Cutter Thumb Buster” est plus bourru, forcément, c’est un autre morceau de Floating Cuffin. C’est, assurément, l’un des temps forts de cet album. Les Oh Sees ne sont jamais aussi bons que lorsqu’ils exploitent à fond la section rythmique et qu’ils jouent sur la structure des morceaux. C’est ce que “Toe Cutter Thumb Buster” fait à merveille. Et dans cette merveille-là, Alice est tombée dans un squat plutôt que dans le terrier d’un lapin tout mignon. 
Withered Hand” avait marqué 2015 avec un l’arrivée d’un tourbillon qui avait véritablement lancé Mutilator Defeated At Last. Le titre se fait atteindre et voilà qu’il finit par arriver dans un habillage plus noisy que les autres. John Dwyer nous donne son punk, son stoner, ses aspirations psychédéliques et toutes ses saletés en même temps. C’est beau. Impossible de laisser redescendre la pression, ça sent la rupture d’anévrisme pour les moins de 8 ans. 
Faites attention à “Sticky Hulks“. 7 minutes 37 de John Dwyer, c’est long. Et puis, sa première moitié semble indiquer un Oh Sees rassasié. La gravité de la guitare vient finalement nous faire mugir sur le dernier quart. On me signale ensuite la présence de “Gelatinous Cube“, un nouveau titre pour vos orgasmes du vendredi soir. Dans le même esprit que ceux du dernier album, il brille notamment par une dernière minute dont le sac à saloperies rock’n’roll est assurément bien plein. 
Et puis, pleurons. “Contraption” est un titre de 16 minutes, c’est tout simplement du jamais vu. Interdisez-vous de commencer le headbanger au risque du décrochement de cervicales, façon Beastie Boys (voyez plutôt). Pour ceux qui sont toujours là, je vous souhaite la bienvenue dans le petit wagonnet d’une mine, direction l’enfer. On est tenté de supplier un retour sur terre lorsque la 7ème minute arrive, mais l’expérience est trop prenante pour se laisser aller à tant de bêtises. Ca grogne à la 8ème et le reste est anthologie. Ah oui, j’oubliais, il se murmurerait qu’un petit “Ticklish Warrior” traine sur une édition limitée. Je vous laisse méditer là-dessus (je fais de même).



Voilà.  C’est fini et on ressort de là sali et heureux de l’être. On se dit également qu’un album des Oh Sees, c’est une véritable expérience, avec tout ce que celui implique : du concept album, un style musical qu’on ne retrouve pas ailleurs malgré les tentatives de la scène, un leader à ce point charismatique que l’on devrait proposer son nom au Larousse, et surtout, le rock’n’roll le plus animal (coucou Kim Fowley). Dwyer ose tout, un son noisy qui, bien que parfois expérimental, n’oublie jamais d’exploser, de longues phases intru’ là où tous les autres groupes se seraient arrêtés, des morceaux à 2 accords, des morceaux sans refrain… Ah, si seulement…

Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *