Album Review : Shannon and the Clams – Gone by the Dawn (Garage Doo-Wop)



Album Review : Shannon and the Clams



Gone by the Dawn


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French version
(english below)




Shannon and the Clams fait partie de ces rares groupes actuels vers lesquels je reviens sans cesse, pour plusieurs raisons. La première, parce que la musique de Shannon & the Clams est en tout point nouvelle et jusqu’alors inimitée. La deuxième, parce que la voix de Shannon Shaw est splendide, eh oui, ça aide. La troisième, parce que l’écoute des morceaux du groupe est toujours playful. La quatrième, parce que Shannon et Cody sont des gens à ce point sympas (voir notre interview) que l’on a toujours l’envie de se confronter à nouveau à leur art.
Gone by the Dawn est paru le 11 septembre dernier, via Hardly Art. Il s’agit du cinquième album du groupe qui vient succéder Dreams in the Rat House (2013). Si ce dernier était plus surf que les précédents, force est de constater que Gone by the Dawn est quant à lui plus psychobilly.
Shannon & the Clams a toujours su comment révéler les codes de l’Amérique que l’on aime : l’Amérique du lifestyle de banlieue avec ses bowlings, ses drive-in et ses pizzas XXL, mais aussi l’Amérique chaleureuse des grandes amitiés d’un temps où le digital n’était rien. Shannon & the Clams symbolise à mon sens cette lutte interne entre les partisans du tout digital et ceux d’un monde analogue. On pourrait longtemps débattre de la réalité du monde virtuel, je m’en garderai pour l’heure à l’antinomie des termes, tout en relevant qu’au contraire, le réel de Shannon and the Clams nous fait revisiter ce que l’on sait être palpable. On y trouve ainsi la romance de Chinatown, des bagarres où le bruitage des coups de poing est exagéré (voir “Knock’em Dead“) et des trahisons (“It’s Too Late“). Cet album est en cela la plus belle émanation de ces dernières années de ce que j’appellerai la “culture Elvis Presley”.
Moins nerveux que I Wanna Go Home (2009) et Sleep Talk (2011) (et, dans une moindre mesure, que Dreams In The Rat House), Gone by the Dawn met plus que jamais en avant la voix de Shannon Shaw. L’enregistrement a d’ailleurs évolué, laissant s’exprimer plus de sensualité. Voilà une évolution stylistique très intéressante. La discographie de Shannon & the Clams commence à former un tout exceptionnel. Ainsi, le groupe devra dorénavant être décrit comme l’un des 10 fantastiques sur lesquels on peut toujours compter. 

Shannon and the Clams introduit son album par “I Will Miss the Jasmine“. On y trouve déjà plusieurs des thèmes récurrents de cet opus, le manque, l’absence de proximité et l’amour. Vient ensuite “My Man“, le hit le plus évident de tout l’album. Danse macabre ou festin à la tablée de Braindead, c’est à vous de voir. Sur le prochain, “Point of Being Right“, Shannon Shaw aborde l’appréhension de la rupture. Les vieilles romances avaient elles aussi leurs faiblesses que ce groove très fifties ne saurait cacher. On continue dans la lignée de Ronettes avec “How Long?“. Shannon n’a jamais été aussi sensuelle. 
Le son de guitare de “Baby Blue” est une nouveauté dans la discographie de Shannon and the Clams. On jurerait entendre celui de Nobunny sur “It’s too Late“. Ce qui frappe parfaitement dans ce morceau est le retour d’une Shannon plus engagée, à la Citizen Kane. On en vient alors à un exercice  particulier : une ballade surf, ça vous dit quelque chose ? On prend une planche, on la place sous le bras et on marche lentement au bord de la mer. C’est l’expérience que nous propose Shannon avec “Gone by the Dawn“. Elle y descend dans les graves comme elle ne l’a jamais fait. Le titre est mystérieux, façon Vertigo. C’est affriolant et langoureux. 
Corvette“, c’est le premier single dévoilé de l’album. À l’image de cet album, “Corvette” est un autre morceau qui joue en plein la carte rétro. Seulement, même lorsqu’elle Shannon s’essaie à ce revival fifties, le son de la guitare vient rappelle que Gone by the Dawn est bien un album de 2015. C’est la différence entre les grands groupes et les autres, certains copient tandis que d’autres font évoluer. Et puis, il le fallait, le titre guilleret qui allait nous redonner l’envie de plonger la tête sous l’eau. C’est “Telling Myself” qui s’en charge. 
On attaque alors une dernière partie de l’album encore plus énergique. Dans la lignée de “The Cult Song” et “Scuffle With The Clams“, “The Bog“, c’est le nouveau titre à la Cramps, le péché mignon de tous les albums de Shannon & the Clams. “Knock ’em Dead” est tout aussi péchu, sorte de garage rock à la Jay Reatard. Les deux derniers ne sont pas en reste côté punch. “The Burl” fait office de rituel d’initiation à la musique de Shannon and the Clams. Le côté fantomatique de “Surrounded By Ghosts” nous revient en pleine face. Quant à “You Let Me Rust“, il nous accompagne gentiment vers la sortie. Seulement, Shannon a une nouvelle fois pris la précaution de nous asséner un doo-wop aux allures garage seul capable de stimuler nos neurones. Ce dernier titre nous laisse tout sauf Rust (Really Undeniable Serious Talk), on est encore dans la confrontation des premiers titres, loin du consensus vers lequel Shannon voudrait nous emmener. C’est un des autres paradoxes de cet album, les premiers titres sont plus voluptueux alors que les textes sont exacerbés tandis que la seconde moitié rappelle le garage des débuts tout en cherchant le consensus. 
Dans l’ensemble, la voix de Shannon est moins lo-fi que sur les précédents albums. Le groupe s’est tourné vers du doo-wop, plus qu’avant. Malgré des paroles plus noires que sur les précédents opus du groupe, l’écoute de Gone by the Dawn dégage une incroyable sensation de sérénité, parce que la nostalgie peut nous rattraper, mais jamais nous devancer. C’est tout le jeu de cet LP : ranimer les fantômes du passé, non pas pour qu’ils viennent nous hanter, mais pour danser avec eux. Et dans ce saloon DIY qu’est Gone by the Dawn, toutes les femmes ont des lèvres pulpeuses avec du rouge à lèvres couleur sang et des bananes sur la tête. Que le bal commence !


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ENGLISH version

Shannon and the Clams is one of those few existing bands to which I keep coming back, for several reasons. The first, because the music of Shannon & The Clams is innovative. Second, because the voice of Shannon Shaw is gorgeous, yes, it helps. The third, because listening to the songs of the band is always a playful exercise. The fourth because Shannon and Cody are such nice and chill persons (see our interview) that I always have the urge to listen to them.

Gone by the Dawn, their last LP, was released on September 11 via Hardly Art. This is the fifth album of the band which comes after Dreams in the Rat House (2013). A little more psychobilly than previous ones, it also hide several amazing features.

Shannon & The Clams always knew how to sublime the America that we love: the suburban lifestyle with its beautiful driveways, the drive-in’s and XXL pizzas, but also the warm America of great friendships. Plus, Shannon & The Clams symbolizes the struggle between the supporters of the digital world and the ones an analog reality. One could long debate the reality of the virtual world, the fact is that Shannon and the Clams help us to distinguish what is real. We find in this LP the romance of Chinatown, the good old fights in DIY bars (see “Knock’em Dead“) and beautiful betrayals (“It’s Too Late“). This album is the most beautiful emanation of recent years of what I would call the “culture Elvis Presley”.

Less nervous than I Wanna Go Home (2009) and Sleep Talk (2011) (and, to a lesser extent that Dreams Rat In The House), Gone by the Dawn give more room to the voice of Shannon Shaw. The record is more sensual, and I can’t help but think that it is a great stylistic evolution. Shannon & the Clams discography begins to form an exceptional whole. I’ll now describe the band as being one of 10 fantastic on which we can always rely.

Shannon and the Clams introduces its album “I Will Miss the Jasmine.” We find in it several recurring themes of the album in it, including the lack of closeness and love. Then comes “My Man“, the most obvious hit of the entire album, a treat from Braindead. On the next one, “Point of Being Right”, Shannon Shaw discusses the apprehension of breaking up. Old romances also had weaknesses that a groovy music can’t hide. We continue in the Ronettes fashion with “How Long?“. Shannon has never been so sensual.



The guitar sound of “Baby Blue” is a novelty in the discography of Shannon and the Clams. As for “It’s too Late“, it reminds me of Nobunny. This song is the comeback of a more committed Shannon, the dream of Citizen Kane is well alive. Then comes a very special thing: a surfing ride where we take a board under the arm and walk slowly to the sea. “Gone by the Dawn” is a mysterious and languorous track, similar to Vertigo.

Corvette” is the first single of the album, another old fashion song. But even when Shannon tries a fifties revival, the sound of the guitar recalls us that by the Gone by the Dawn is well from 2015. This is one of the main difference between major bands and others, some innovate and others copy. Comes right after the perky track that would give us the urge to dive our head under water, “Telling Myself“.

Then begins the last part of the LP. In the tradition of “The Cult Song” and “Scuffle With The Clams“, “The Bog” take back the spirit of the Cramps. “Knock ’em Dead” is very punchy as well, sort of garage rock similar to the one of Jay Reatard. The last two aren’t less efficient. The ghostly side of “Surrounded By Ghosts” returns with transience and guides us gently toward the exit. Shannon has once again taken the precaution to bludgeon us into a great doo-wop music. With “Rust” (Really Undeniable Serious Talk), Shannon finally exposed of one the paradoxes of this LP. The first tracks are voluptuous but the lyrics are very exacerbated while the second half is closer to the first loves of the band (ie garage music) while seeking consensus.

Overall, the voice of Shannon is less lo-fi than on their previous albums. The band is getting closer to doo-wop music. Despite darker lyrics, listening to Gone by the Dawn creates this incredible feeling of serenity, because nostalgia can catch us, but we never get ahead of us. This is the all point of the LP: to revive the ghosts of the past, not so they can haunt us, but to dance with them. And in this beautiful DIY saloon, all women have bloody lipsticks and bananas on their head. Let’s the party begins!

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Review #2 by Mazz


Please allow me to preface this review by saying that I have been a big fan of Shannon and the Clams for years. And when I say big fan, I mean that I listened to each one of their albums hundreds of times. 
When I first caught wind of Gone by the Dawn, I was worried. I thought following up on 2013’s Dreams from the Rat House would be difficult. 
As we all know, bands and musicians tend to evolve over time and sometimes in unfortunate ways. To musicians and bands, an album represents the sound of a given period in their career from which they must move forward, or backwards, or sideways. Sometimes change seizes a potentially great artistic endeavor like a zombie’s bloody hand that hurls an album into the fucking abyss. 
Who knows what perverse machinations compel talented artists to step back from greatness. Perhaps for some bands who made good music and changed direction, the process of making music was like feeling around in the dark, and what appeared to the consuming public to be a purposeful, thoughtful, and intellectual progression through 2-3 albums was actually a complete accident. Maybe some great musicians have shitty taste. Or maybe having great skill and musical instincts changes a person’s perception of quality. 
Whatever the case may be I’m happy to report that the Clams’ latest record Gone by the Dawn succeeds in following up Dreams from the Rat House, and in a big way. It shows a band comfortable in its own skin. Although on the whole I would say Gone by the Dawn is distinct from earlier outings, with a subtle and perceptive change in band’s sound marked by cleaner production and the introduction of organs that create a sound reminiscent of 50’s and early 60’s rock’n’roll. But the best of the bands earlier work remains intact with guitar driven songs and their trademark phenomenal vocals, which sound even better without the swampy production of earlier records. This record really shows a band at the top of its game. 
Many of my favorite bands released new albums this year, and surprisingly, they all avoided the pitfalls of needless or sloppy change. Can’t say I hate it. 

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