Anachronique : The Flying Burrito Brothers (Country Rock)
L'album qui retient aujourd'hui notre attention est The Gilded Palace of Sin, le premier album du groupe. Paru sur Edsel (également label de Marc Bolan & T. Rex et Jesus and Mary Chain, en autre) en 1969, ce dernier contient onze morceaux qui nous prennent par la main direction El Paso.
"Christine's Tune", le titre introductif, est l'un des plus country. Les premières écoutes de ce morceau peuvent être déconcertantes. Se cache en réalité un titre de folk tout à fait splendide. Sur fond de women are devils, les frères Burrito n'auront pas attendu longtemps avant de glorifier le sexe opposé. C'est un thème qui revient souvent dans les morceaux des Flying Burrito, avec celui de la masculinité. "Do Right Woman", une reprise d'Aretha Franklin (composée par Chips Moman et Dan Penn) évoque également ce man world. Si la country est souvent décrite comme une musique d'homme, on se rend compte que des titres tels que celui-ci transcendent l'idée de sexualité. Les arrangements y frôlent la perfection, une raison de plus pour quoi The Gilded Palace of Sin est aujourd'hui un album culte.
On remonte à cheval pour "Sin City". On traverse cette ville de fou, le Blantons à la main. On se dit que le bottleneck est merveilleux, et qu'une vie de paresse doit être la solution. Suit de près "Dark End of the Street", autre morceau composé par Moman et Penn, cette fois-ci pour le compte de James Carr (lien). La reprise qu'en fait Flying Burrito est éloignée de l'univers country rock du groupe et surement plus proche des standards sixties. Il fallait le faire, reprendre des standards R&B... Pour contrebalancer, "My Uncle" réintroduit un peu de Far West. C'est le dernier titre de la Face A.
"Wheels" peut sembler similaire. Il n'en est rien. Le groupe use de fuzzbox là où aucun autre groupe du genre ne s'y était osé jusqu'alors. La country peut avoir des aspects psychédéliques. Un album peut glorifier un style musical tout en tendant la main à son opposé, c'est l'une des autres leçons de The Gilded Palace of Sin. Le plus classique "Juanita" vient amorcer le titan qui le succède. Ce monstre, c'est "Hot Burrito #1", l'une des plus belles chansons d'amour des sixties (et ce n'est pas ce qui manquait). L'émotivité de Parsons nous prend aux tripes. Sa performance télé en est un parfait exemple, une masterpiece à ne surtout pas manquer (lien). On se souviendra longtemps du deuxième couplet, "He may feel all your charms. He might hold you in his arms, But I'm the one who let you in".
"Hot Burrito #2" enchaine avec moins de grâce et plus d'entrain. "How It Feels" nous raccompagne en direction du chemin poussiéreux avant que le titre "Hippie Boy" ne viennent clôturer The Gilded Palace of Sin. Ce dernier morceau est une belle histoire dont je vous laisse avec la lecture (texte). Parsons le confiera plus tard, "We kept saying we got to do a song called 'Hippe Boy' about Chicago, and it's got to be a narrative song, and Chris Hillman has to do it...It was the toughest challenge on the album".
Alors certes, The Gilded Palace of Sin peut, de prime abord, donner une impression de trop grande homogénéité. Mais voilà, cet album est trop riche pour que les plus réfractaires ne puissent passer outre le vernis country rock. Chacun des titres de The Gilded Palace of Sin est un classique en devenir. Faites l'expérience ! Et puis, c'est précisément cet habillage-là, à la fois réactionnaire et révolutionnaire, qui en fait un album si novateur.
Lorsque j'écoute les Flying Burrito, je me trouve non seulement transporté dans cette Amérique profonde que l'album donne à écouter dès les premières notes, mais j'y trouve aussi la sensibilité des plus grands songwritters de pop, celle des Beatles, celle des Beach Boys. Et puis, les Flying Burrito me rappellent le génie des plus grands albums, ceux qui capturent une part de l'universel.
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