Anachronique : Archers Of Loaf (Indie Rock)

 

Archers Of Loaf été un groupe américain formé à Chapel Hill (Caroline du Nord) en 1991. Cela fait longtemps que Still in Rock n’avait pas chroniqué un groupe des années ’90. Cela faisait donc longtemps que nous n’avions pas été confrontés à cette nonchalance ironique qui caractérisa le meilleur rock’n’roll de cette époque.
Il est nécessairement difficile de ne pas multiplier les références à Pavement et Sonic Youth lorsque l’on évoque des groupes de cette décennie. En réalité, Archers Of Loaf évoque surtout et avant tout le groupe Polvo, des amis avec lesquels ils jouaient régulièrement sur la scène de Chapell Hill.
Cet article sera consacré à l’album qui est reconnu par beaucoup, à juste titre, comme le meilleur du groupe, j’ai nommé Icky Mettle. Paru en 1994, il est le premier album studio du groupe. Rien n’est à jeter dans cet Icky Mettle, les 13 morceaux qui le composent sont non seulement parmi les Tout-Puissants des années 1990, mais ils sont aussi à inscrire au best of du genre.
Web in Front“, le premier titre de l’album, forme l’une des meilleures introductions que je connaisse. Avec un “Stuck a pin in your backbone. Spoke it down from there” qui annonce la tenue de l’album, il demeure un brin plus pop que les autres morceaux. “Last Word” passe largement en force. La production lo-fi est parfaitement maîtrisée, c’est déjà si grand. Même constat pour “Wrong“, le genre de titre qui empruntait un peu au grunge ambiant. Ce style de morceau est finalement assez étonnant, car il parvient à extraire ce qu’il y a de meilleur dans le grunge sans tomber dans la copie des grands noms du genre. Archers Of Loaf est en cela un groupe de son époque, mais qui est également parvenu à prendre le recul nécessaire afin de rendre sa musique relevant en 2015. Il est par ailleurs intéressant de noter que “Wrong” était le premier single du groupe, paru en 1992.
C’est alors que surgit le meilleur morceau de cet LP, ou, du moins, le plus mythique de tous, “You and Me“. Si on ne compte plus les reprises de ce dernier, jamais l’interprétation d’Archers Of Loaf n’aura été égalée. Je ne saurai en dire trop sur ces 3 minutes, la surprise est trop belle pour en dévoiler la substance. Prêetez attention à la guitare super métalique de la deuxième minute, façon Sonic Youth. Elle est assez caractéristique de l’ensemble de l’oeuvre d’Archers, super brute, super nineties.
Hate Paste“, moins en vue parce que placé au milieu de la maquette, est lui aussi un titre absolument sensationnel. La structure rappelle Pavement, c’est vrai, mais il donne également à entendre la voix de Bachmann qui donne à Icky Mettle une identité qui lui est indiscutable. Il est, probablement, le troisième grand indispensable de cet LP. Quant à “Fat“, c’est un titre comme il ne s’en fait plus. “What do you f**king care for me? I’m black and blue and bruised all the f**king time. Why should I f**king care for you? I’ve been with you in the morning for the last time“. Eh oui, fatty.
Learo, You’re A Hole” sent le vieux club de Seattle, façon Reality Bites. Les paroles ne sont pas les plus censées, mais le vibrato dans la voix de Bachmann laisse passer suffisamment d’émotions pour nous convaincre de la puissance du titre. Et puis, le final est l’un des plus beaux passages instrumentaux de l’album. Il annonce une dernière partie de l’opus légèrement plus expérimentale, à la Polvo, à la Slint, à la Archers. “Toast” débute sur ces bases précises, et il est finalement mieux maîtrisé que celui qui lui succède “Backwash“. Archers of Loaf jettera ses dernières forces dans “Slow Worm“.
Au final, Icky Mettle est l’un des albums les plus cultes de cette période. Probablement aurait-il mérité sa place dans la Mixtape Still in Rock #1 : From 1985 to 1995. Quoi qu’il en soit, Archers Of Loaf aura encapsulé son époque comme peu le feront. Ce cool des nineties que beaucoup de groupes de la scène recherchent à présent, ce je-m’en-foutisme véritable (Bachmann jouait du saxophone pour la Appalachian State University avant de tout envoyer bouler), Archers l’avait, et il s’en est dégagé une énergie que le groupe lui-même, de son propre aveu, ne retrouvera plus. Finalement, les grands albums sont toujours histoire d’une spontanéité couplée avec un message fort. Eric Bachmann dira que le groupe n’aura dépensé que 5000 dollars pour Icky Mettle. Dire que certains s’enferment dans un studio pendant des mois, à la recherche d’une note, à la recherche d’une raison à des LPs creux…
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