Album Review : Perfect Pussy – Say Yes to Love (Post Hardcore)





Album Review : Perfect Pussy

Say Yes to Love






Perfect Pussy est un groupe Syracuse (New York) que Still in Rock vous présentait en janvier dernier. Perfect Pussy, dit autrement, c’est le nouveau petit protégé de Captured Tracks, le fameux label de Brooklyn qui est maintenant reconnu comme étant l’un des tous meilleurs au monde. Perfect Pussy, c’est le groupe qui va hanter vos pires cauchemars, le groupe qui résume à lui seul l’ambiance des meilleurs films d’horreur, le groupe qui confronte hardcore et expérimentation, en somme, le groupe que l’on n’oubliera pas de sitôt.
Say Yes to Love est le premier album de Perfect Pussy. Paru le 18 mars dernier, il se compose de 8 titres seulement, une véritable petite bombe de 23 minutes (dont 19 minutes de musique, dû à l'”Advance“). Le son de la guitare rappelle souvent celui de Naomi Punk (Album Review), cet autre groupe Captured Tracks. Mais surtout, à l’écoute de cet album se rappellent souvent à nos bons souvenirs les débuts de Sonic Youth. Il faut dire que Meredith Graves semble être fait de la même trempe que Kim Gordon
Certes, Say Yes to Love effraiera la plupart de ses auditeurs. Certains ne tenteront probablement pas l’expérience. Le son de Perfect Pussy est très hardcore et ne fait surement pas dans la dentelle. (Pour cette raison, écouter Perfect Pussy sans casque est non seulement criminel, mais également dangereux). En réalité, Say Yes to Love est une déclaration d’amour, de haine, et d’humanité. On s’y sent vivant comme jamais. Les peurs qu’il génère en nous parviennent, probablement après quelques écoutes, à transgresser notre conscient pour faire appel à des énergies très primitives que l’on voudrait presque rejeter. C’est là tout la force de ce groupe. C’est d’autant plus remarquable, on aurait tendance à l’oublier, que Say Yes to Love n’est jamais que le premier opus du groupe. Il nous pousse pourtant dans quelques retranchements que seuls les plus grands maîtres de l’expérimental savent illuminer. Bienvenue là où vous ne vouliez jamais aller, place à la critique track-by-track :  

  • Driver (ici) : Pourquoi tergiverser ? Le moins que l’on puisse dire est que Perfect Pussy ne traîne pas à nous mettre dans le bain noisy hardcore. Il y a quelques têtes qui flottent à nos cotes, mais tout va bien pour le reste.
  • Bells : Ce qui se passe à la 50eme secondes constituera l’un des meilleurs moments de 2014. “Bells” est le meilleur titre du groupe, à tout le moins, celui qui représente son art avec le plus d’exactitude. Je retrouve dans “Bells” ce qui fait la fureur des Fugazi, l’ultime. Il sera un des meilleurs titres de l’année. C’est dit. Sans la moindre hésitation.
  • Big Stars : Deux notes qui lead un titre qui explosent à nouveau nos tympans. Cette introduction de “Big Stars” est très aguicheuse. Il fallait bien cela après l’éclat “Bells“. “Big Stars est le titre qui a le plus gagné en mon estime au fil des écoutes. Il deviendra un des classiques de Perfect Pussy pour la raison suivante : “Big Stars” ravive ce qu’il y a de plus Punk dans le groupe, “du rock ‘n’ roll pur, nu, et sans conneries insensées” (Ramone).
  • Work : Certes, la mélodie de “Work” n’est probablement pas assez fouillée et il manque le petit quelque chose qui fait des deux titres précédents de véritables killers. Mais Perfect Pussy parvient malgré tout à déterrer en nous cette énergie que l’on ne soupçonnait pas être encore là. C’est la coupure à 1min’ qui nous aide à courir encore plus vite. Et finalement, ça décapite.
  • Interference Fits : Dès la première écoute, on se rend compte que “Interference Fits” est à part, fait d’une différente matière, plus noble. “Interference Fits” est le titre le plus varié de tout l’opus, ce qui en fait un des plus intéressants. Après que Meredith ait crié son “say yes to love“, sa voix sur deux pistes vient donner à “Interference Fits” un des moments les plus brillants de tout l’album.
  • Dig : Les trente secondes de silence à la fin d’ “Interference Fits sont bien nécessaires. Pendant une minute, Perfect Pussy nous assène sa rage dorée. On approche doucement de la fin de l’album, alors, lorsque “Dig” débute, on se délecte de chaque goûte de sang sueur que peut déverser Perfect Pussy.
  • Advance Upon The Real : Titre le plus long de l’album, “Advance Upon The Real” perpétue le sacrifice Say Yes to Love. Pour la première fois de l’album, la basse tient le rôle central. Et c’est tout aussi bon. En réalité, 3 minutes de quasi-silence nous plongent dans une salle obscure où la bobine d’un film tourne en fond, diffusant des images d’horreur, lentement. Il est marrant de constater comme, au fil des écoutes, on trouve dans ces quelques minutes un peu ce que l’on y veut.
  • VII : Etrange ! J’imagine déjà “VII” animer les sous-sol du palais de Tokyo ou d’un PS1 psychédélique. Les sons électroniques qui le composent viennent s’heurter à un mur du son tagué de noir. Toutefois, mis à part pour la beauté du geste, je ne suis pas sur que cette conclusion soit d’un grand intérêt.

Deux titres, “Bells” et “Interference Fits“, sont clairement au-dessus du lot. Ils déversent une véritable tornade qui, en intégrant des éléments de proto-punk, finissent par se tourner vers l’expérimental de Sonic Youth et Dinosaur Jr. sans la moindre gène. Autant le premier EP de Perfect Pussy était fort plaisant, on peut dire que cet LP est transcendant. Perfect Pussy a véritablement franchi un cap pour atteindre un level où les titres ont tous une personnalité propre, une histoire qui leur appartient. C’est là la différence majeure avec les titres de I Have Lost All Desire For Feeling. Ceux de Say Yes to Love vivent et respirent à nos côtes, nous procurant le troisième poumon que celles les tout meilleurs albums de post hardcore peuvent nous donner. Et de façon assez surprenante, cette énergie se ne dissipe pas d’une once après même une trentaine écoute de l’album.
Le live qu’a donné le groupe avec Total Slacker en février dernier est ancré dans les mémoires de chaque personne présente ce jour-là. Désormais, cet album l’est également. Décidément, Captured Tracks qui avait explosé tous les compteurs en 2012 revient très fort en 2014 dans la catégorie de Meilleur label de l’année. On se demande d’ailleurs sur quel opus l’Album Review de la semaine prochaine portera (....). 

(mp3) Perfect Pussy – Bells
(mp3) Perfect Pussy – Interference Fits

Note : 8,2/10 (barème)

Liens afférents :
Album Review de Naomi Punk
Article de présentation de Perfect Pussy

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