Album Review : Magik Markers – Surrender To The Fantasy (Psych Noise)







Album Review : Magik Markers

Surrender To The Fantasy



Magik Markers est un groupe originaire d’Hartford qui vient de faire paraître son cinquième opus via Drag City, Surrender To The FantasyNext-level explurgations in a pop music eye comme le décrit le label, cet album est assurément l’un des plus ambitieux de l’année. 
Il sera en effet difficile de reprocher à Magik Markers de n’avoir pas su développer assez d’idées avant de produire cet opus. Entre le mélange des genres et les ambiances psychédéliques noisy de chaque morceau, cet album du groupe est remarquable à bien des niveaux. Depuis Balf Quarry paru en 2009, M.M. avait su garder un silence plomb. On retrouve finalement ce composant chimique dans beaucoup des titres de l’album. C’est d’ailleurs ce point commun avec les titres de Sonic Youth qui saute immédiatement aux yeux. Magik Markers fait dans la pop expérimentale comme peu de groupes savent encore le faire. Le résultat ? Des titres extrêmement hétérogènes qui font que l’on tombe très rapidement amoureux de certains tout en dénigrant le reste. Finalement, le superbe travail effectué sur chacun fait de Surrender To The Fantasy un opus pour initiés qui y apprécieront probablement encore plus le génie créatif qu’autre chose.
Ne nous y méprenons pas, Surrender To The Fantasy est également un album mélodique, à sa façon. Sous son verni anti-catchy, il révèle en réalité une intégralité de titres immortels. En fait, Magik Markers a fait le choix d’habiller des mélodies très pures et très simples par un expérimental désordonné. L’accumulation de belles idées finit par avoir raison de toute idée de stratification. En ressort un Surrender To The Fantasy sans faille, sans faute, avec tout pour passer les années en notre compagnie. Alors, quels titres méritent votre attention première ? Réponse dans la critique track-by-track

  • Crebs : Un titre introductif à la croisée des chemins. On entre petit à petit dans l’univers de Magik Markers sans pour autant être véritablement sous le charme. Plutôt noisy, plutôt pop, “Crebs” est un morceau qui se révèle une fois la deuxième écoute intégrale de l’album enclenchée.
  • Acts of Desperation : Les premières secondes de “Acts of Desperation” laisse présumer un titre plus accessible. Que nenni ! Magik Markers refait dans la pop expérimentale sur fond de guitares électriques qui se répondent à merveille. A la croiser des chemins entre les Velvet et Sonic Youth, ce titre est l’un des tous meilleurs de l’opus. La voix d’Elisa Ambrogio est si bien placée.
  • Bonfire : Une pièce Krautrock noisy qui fait apparaître d’autres ressemblances avec Sonic Youth. Il faut dire que le groupe tournait déjà avec les hérissons en 2004 et que I Trust My Guitar, Etc. (2005) a ensuite été produit sur Ecstatic Peace! (label de Thurston Moore). “Bonfire” sera donc le meilleur ami de ceux qui aiment les titres intègres et directs. Le meilleur ami de tous.
  • Mirrorless : “Mirrorless” s’introduit comme un titre des V.U. On n’en est d’ailleurs pas loin. Sous quelques aspects dreamy, Magik Markers prend le parti d’un titre plus tempéré. Et le pari est emporté haut la main.
  • American Sphinx Face : Le meilleur titre de l’opus ? Difficile à dire, mais si nous ne devons en garder qu’un, il serait un très sérieux candidat. “American Sphinx Face” est un titre shoegaze qui opère le revival d’une autre fraction des titres de Kim Gordon. Des partitions de guitare si prétentieuses sont rares et appréciables. “American Sphinx Face” impose un immense respect tant il se compose de dizaines d’éléments parfaitement imbriqués. Drag City dit cet album être “Truly American music“. En voilà la démonstration.
  • Young : Après le tourbillon “American Sphinx Face“, l’introduction très angoissante de “Young” opère un choc. Ce titre est l’un des plus délicats de l’album. Alors, une fois nos palpitations atténuées, “Young” parvient à faire tomber la neige que l’on attendait recouvrir la noirceur des créations précédentes.
  • Empire Building : Le haut de l'”Empire Building” est venté, les sons expérimentaux éclosent lentement et Magik Markers parvient à nous tenir en haleine avant que plus d’ardeur vienne s’abattre sur nous.
  • Screams of Birds And Girls : Elisa Ambrogio vient reprendre les commandes. “Screams of Birds And Girls” est plus long à convaincre car moins caractéristique d’un seul et unique genre. Pourtant, Magik Markers n’y perd pas en intensité. 
  • WT : Une sérieuse pièce Noisy qui vient immiscer les derniers doutes sur ce qu’il a bien pu se passer 45 minutes durant. “WT” est le titre insaisissable que nous attendions pour venir conclure l’album. Magik Markers a fait l’excellent choix de conclure sur une guitare agressive. C’est fort !

En somme, cet album est une surprise qui n’en finit pas de se révéler. Cette très belle composition est une fête continue que les amoureux de sons expérimentaux accueilleront bras ouverts alors que les autres devront s’y reprendre à plus de reprises. Surrender To The Fantasy est difficile à appréhender, pourtant l’un des albums les plus tangibles de l’année : Magik Markers vient de faire très fort ; Magik Markers vient de trouver la formule d’une musique d’envergure qui parviennent à maitriser ses forces.


Note : 8,3 / 10 (Barème)

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