Still in Rock présente : Le Grotto (Indie Rock)

Le Grotto est un groupe originaire d’Olympia (Washington) que je brûle d’impatience de vous présenter depuis quelques jours déjà. Ce dernier a fait paraître son premier album le 20 octobre dernier via 2060 Records et cet essai self-titled de 8 morceaux est une véritable claque pour qui s’intéresse de près ou de loin à la scène très indépendante américaine.

Ce qui est particulièrement remarquable dans la musique des Grotto(s), c’est sa capacité à emprunter au cool des groupes d’indie rock nineties ainsi qu’à celui des groupes post-2001 tout en proposant une musique qui ne joue pas seulement la carte du revival et qui ne sur-interprète pas son ambition.

Omaha” est une introduction efficace, très pop, elle n’entend brusquer aucun auditeur. Le Grotto se la joue profil bas tout en établissant déjà un niveau suffisamment bon pour que l’on soit convaincu de la nécessité d’écouter bien plus. “HWY 160” s’introduit à nous dans une même optique, mais tout dévisse en milieu de parcours : Le Grotto sort enfin sa grosse guitare et les deux minutes qui suivent font honneur à quelques solos dont la scène garage n’use que trop peu. Mais il y a encore mieux, et “Can I Bum a Smoke” en fait partie. Les Grotto(s) ajoutent en intensité avec un Laith Scherer qui pousse un peu la chansonnette. Le rythme, comme à contretemps de sa propre mesure, joue sur une batterie qui dénote avec la guitare. Il faut une sacrée maitrise pour réussir à bien performer dans cet exercice. Et une fois encore, Le Grotto s’illustre avec un excellent final. 
Lucid Dreamer” joue le mec mystérieux. On semble se diriger vers une pop pour midinette en mal de testostérone, mais pas de cela avec Le Grotto, le groupe reprend le chemin vers un son nineties plein de fuzz/réverb’. Le microphone fait également son effet, les fans des Strokes apprécieront et c’est ici que j’introduis – une fois encore – mon analyse sur la scène post-2001. Le Grotto intègre le gang de ces quelques artistes qui semblent rêver de la scène New-Yorkaise de cette époque, rappelant qu’il y avait effectivement un son distinctif qui caractérise le rock nord-américain post 11 septembre. “Waves” en rajoute une couche, toujours pop dans son ambition et rock’n’roll dans son exécution. Chapeau bas à la production qui explose littéralement les compteurs dans les phases plus nerveuses d’un “Waves” qui est le grand single de cet LP. 

Sad Story“, c’est le premier titre de la face B. Le titre en rajoute une couche sur le côté vieille pop qui assume en plein son romantisme avec des couplets qui sont chantés – au sens de… chanté !. Et s’il y avait aussi un peu de Brit Pop de la musique des Grotto(s) ? Je laisse ce débat entre les mains des amateurs de Blur en constatant simplement que l’on en est pas super loin, même si cette musique est ici saupoudrée d’accords plutôt surf. 
Don’t Hide” aurait tendance à nous emmener sur les terres des Growlers, mais j’ai déjà utilisé la comparaison dans l’article de mardi dernier (sur les Black Bats). Disons alors qu’il joue sur le spleen du vieux surfeur qui n’ose plus sortir de chez lui, comprenez, sa crinière n’est plus aussi blonde.  “Do You Still Love Me?” introduit quelques airs plus groovy, un peu comme Twin Peaks sait le faire. Notons que les Grotto(s) ne sont jamais aussi bons que lorsqu’ils osent nous rentrer dedans, loin des conventions de la pop trop classique. “Blueberry Patch” donne enfin la conclusion que cet album méritait. La deuxième moitié est assurément moins rock’n’roll, en ce sens moins brute, mais tout aussi bien réalisée. Félicitons-nous que le groupe n’ait pas décidé de feinter une musique psychée qui est devenue tant à la mode (sixties).

Au final, ce premier LP des Grotto(s) est une excellente surprise parce qu’il ose flirter avec des terrains pop, disons même pop/rock, qui sont devenus so uncool (à prononcer avec l’accent) que la scène indépendante a décidé de ne plus jamais s’y aventurer. C’est d’autant plus remarquable que l’album a été enregistré dans le salon du chanteur, sans que la production ne semble en souffrir à aucun moment. Le Grotto est donc un album complet, éhonté et enlevé, un produit stylisé pour les amateurs de ce son post-2001 qui ne renient pas non plus un peu de nineties
Contacté par les voies impénétrables de Facebook, Le Grotto m’a confié qu’il venait de commencer à travailler sur un second LP qui devrait voir le jour durant l’été 2017 : “Le Grotto just started recording the new album last week. Right now, it looks as though it’ll be out early summer 2017 (…) The new record is about a bunch of transitions that have happened in our lives in a short amount of time and the wear and tear and rebuilding that’s happening right now. The music feels relevant to us. We really stripped the sound down. Less reverb, more rock ‘n’ roll. All three of us are contributing equally, creatively speaking. Can’t wait to put it in peoples ear holes“. Mais il est trop tôt pour s’impatienter. 
Tracklist :
1.
Omaha
2.
HWY 160

3.
Can I Bum a Smoke
4.
Lucid Dreamer
5.
Waves
6.
Sad Story
7.
Don’t Hide
8.
Do You Still Love Me?
9.
Blueberry Patch

Liens :
Article sur Black Bats
Article sur le groupe junkie

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