Anachronique : Buddy Holly (rock’n’roll)

Buddy Holly. Né en 1936 à Lubbock (Texas), mort en 1959 à Clear Lake à l’âge de 22 ans. Le 3 février 1959, Buddy Holly et ses comparses avaient en effet décidé de prendront l’avion à la fin d’un de leurs concerts dans le but de se rendre à Fargo. L’avion s’écrasera, causant la mort de l’ensemble des passagers. Cette soirée est restée dans l’histoire comme The Day the Music Died.
À l’origine, Buddy Holly monte un groupe dans son lycée dans le but de reproduire les titres d’Elvis Presley. C’est en 1957 que Buddy Holly fera paraître le premier album de son groupe d’alors, les Crickets. Intitulé The “Chirping” Crickets, cet album de 12 titres contient de nombreux hits, dont “Peggy Sue” et  “Oh Boy!“. Il faut se rappeler qu’à l’époque des Crickets, le rock’n’roll est considéré comme une musique de sauvages. Les titres des Crickets parlent d’amour et envoient plusieurs invectives amoureuses. C’était un choc pour le continent américain, un des tout premiers à montrer la voie du rock’n’roll. Trois mois plus tard, au début de l’année 1958, Buddy Holly fera paraître son premier album solo. Ce dernier regroupera de nombreux hits de son époque avec les Crickets. Le ré-enregistrement de certains morceaux en font selon moi le plus grand indispensable de Buddy Holly. Un seul album suivra celui-ci, That’ll Be the Day, également paru en 1958.
Buddy Holly, à mon sens le meilleur de tous, est introduit par “I’m Gonna Love You Too“. La voix sautillante de Buddy Holly rappelle indéniablement la fin des fifties. Pourtant, ce titre est d’une incroyable modernité. Les paroles étaient irrévérencieuses et le refrain demeure un grand classique de son temps. De plus, le travail studio de cette version était novateur là ou le mastering joue avec des échos sur la voix de Buddy. Ce n’est pas la dernière fois que cela arrivera. Vient ensuite “Peggy Sue“. Il est remarquable que ce morceau, surement le plus grand hit de toute la discographie de Buddy Holly, n’eût pas été placé en première position sur la tracklist. Buddy Holly y prend un plaisir fou à altérer légèrement la version des Crickets. Il délivre alors un excellent solo de guitare. Ce genre de titres me fait dire que Buddy Holly était un des premiers punks. Ce titre est super brut et d’une simplicité déconcertante. Lennon himself ne s’y tromperont pas et reprendra le titre sur son opus solo Rock ‘n’ Roll.
Je passe sur les deux titres suivants, agréables, mais pas les plus mémorables, pour arriver sur “Valley of Tears“. Ah, la belle ballade pop. Il a dû en animer des bals de prom’ ce titre là. “Valley of Tears” capture a lui tout seul toute l’Amérique du début sixties. Ces quelques minutes de pop sont d’une chaleur déconcertante. Capturer toute la tendresse du monde en seulement 2 minutes, voilà le pari fou que s’était lancé Buddy Holly. Et puis, 1min30 plus tard, Buddy Holly donne le là à du super rock’n’roll sur “Ready Teddy“.
Si on a veut contester à “Peggy Sue” d’être le morceau le plus connu, alors c’est surement “Everyday” qui prend la place. Je voudrai m’arrêter ici et mettre le doigt sur l’avant-gardisme de ce morceau. Il ne vous rappelle rien ? Même pas un petit Beatles ? Même pas un peu de toute la pop sixties ? Ah, il faut dire que John Lennon et Paul McCartney assisteront à un live de Buddy Holly alors qu’ils étaient adolescents. Combien peuvent se vanter d’avoir à ce point influencé les Beatles ? Presque 60 ans plus tard, voilà un des plus grands morceaux de l’histoire, également un des plus influents. C’est non sans joie que l’on retrouve ensuite la voix introduction de Buddy Holly sur “Mailman, Bring Me No More Blues“. Tout est là. Les Beatles reprendront ce titre durant la session de Let It Be. Evoquant la puissance du rock’n’roll et la façon dont la génération de l’époque le percevait, c’est “(You’re So Square) Baby I Don’t Care” qui donne le là une nouvelle fois. Et c’est alors que vient “Rave On!“. Dans mon top 5 de Buddy Holly, ce titre originellement chanté par Sonny West n’a jamais trouvé une si belle interprétation qu’avec Buddy et ses Crickets. Notons tout de même que les Real Kids, un des tout meilleurs groupe de punk de l’histoire, en fera également une splendide reprise (ici). C’est dire à quel point la force punk de Buddy Holly est incontestable. Il nous quittera finalement sur “Little Baby“, un énième single fifties qui ne souffre d’aucune comparaison avec Elvis.
La musique de Buddy Holly est éclatante de modernité. Elle capturait non seulement la jeunesse de toute une époque qui s’y identifiera quelques années plus tard, mais elle avait également la primeur d’un genre. Buddy arrive alors qu’il y a encore tout à faire. Il participe à l’introduction de deux guitares sur un seul morceau, il délivre quelques solos tout à fait grandioses et ses mélodies seront immortelles. Ses vocal hiccup seront parmi les plus légendaires, repris ensuite par Michael Jackson, Kurt Cobain, Joey Ramone, Jimi Hendrix et j’en passe. Il aura su s’entourer des meilleures personnes (sauf du meilleur pilote, assurément), et tout ce à quoi il touchera se transformera en or. Ce sur quoi il posera son regard se transformera également, la preuve avec Bob Dylan qui, en 1998, évoquera le regard qu’aura un jour porté sur lui Buddy Holly lors d’un de ses derniers concerts. N’oublions pas les Clash qui évoquent Buddy Holly dans leur chanson “Corner Soul“. On sait également que l’achat d’un premier album est toujours une étape qui marque la vie d’un musicien. Alors que dire sinon que l’album de Buddy Holly et de ses Crickets sera le premier de Clapton. Enfin, c’est peut-être Mick Jagger qui résumera le mieux toute la portée de Buddy Holly, disant “He passed it on via the Beatles and via the Rolling Stones … He’s in everybody“. Yes, Buddy Holly est en chacun de nous.
On ne peut s’empêcher de penser que sans cet accident, Buddy Holly eut fini par être aussi connu que le King. Nombreux de ses morceaux font aujourd’hui partie du répertoire américain le plus classique, et sa mémoire n’est trahit par aucun musicien. Seulement, Buddy avait en lui tout le génie qui l’aurait consacré aux yeux de tous comme l’un des plus grands de tous les temps (ce qu’il est, sans conteste). On dit souvent que le blues est l’origine du rock’n’roll. C’est en partie vrai. Mais n’oublions pas que bien avant la plupart des grands bluesman, un homme dénommé Buddy Holly avait déjà amorcé le genre.

(mp3) Buddy Holly – Peggy Sue (1958)
(mp3) Buddy Holly – Everyday (1958)
(mp3) Buddy Holly – Valley of Tears (1958)

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