Anachronique : The Sweet (Bubblegum Pop)

Pour cet article anachronique, je voulais nous replonger en plein dans la culture drive-in, celle des romances passagères d’une génération post-sixties qui cherchait son identité. Je voulais faire lumière sur cette bohème du début ’70, trop peu souvent évoquée à mon gout.
Cet article anachronique est, une fois encore, l’occasion de mettre à l’honneur un groupe de Bubblegum / Power Pop. Peu de la presse française évoque ce genre pourtant supérieur, je ne saurai y trouver un début d’explication. De manière générale, courez chez tous ceux qui défendent le genre, ils ne peuvent qu’être des gens bien.

The Sweet était un groupe anglais formé en 1968, un des tout premiers à donner tant d’importance à la grande romance dans la musique pop. Certes, les bluesman exprimaient déjà cette tendance, et la Soul n’était pas en manque. Pourtant, la pop sixties n’étaient pas véritablement caractérisée par cette envie. Les Sweet, précurseur de la Power Pop, vont alors importer cette caractéristique à un style de musique qui s’y refusait jusqu’alors.

Les Sweet, avec un look androgyne qui inspirera aussi bien la scène Glam Rock que celle Hard Rock, ont également importé la complexité sexuelle dans un genre qui était jusqu’alors une machine à séduction bien huilée. Pourtant, et c’est là une des principales forces des Sweet, le groupe n’est jamais tombé dans la sur-représentation. Cette formation a toujours été question d’amusement, sans qu’elle prenne conscience de son influence. On évite ainsi tous les écueils liés à la musique Dad Rock qui en fait des caisses et des caisses, jusqu’au vomissement. En soi, les Sweet sont toujours restés du côté Glam Rock de la force, sans tomber dans le Hard / Dad Rock des Kiss, de ces escrocs de Led Zeppelin & co. La musique des Sweet exprime la sincérité de la Power Pop tout en y ajoutant la puissance Glam de l’époque.

The Sweet est un véritable précurseur de la Power Pop. Son premier opus, Funny How Sweet Co-Co Can Be, est paru en 1971 via RCA Records. Il demeure le meilleur de tous. Dès le premier titre, “Co-Co“, les Sweet se démarquent immédiatement de la scène prétentieuse du Dad Rock. Adieu Cooper & co, les Sweet ne sont pas une démonstration, et l’aspect comique de cette introduction le montre immédiatement.
Un des premiers temps forts de l’album apparaît avec la reprise de “Daydream“. John Sebastian peut s’en estimer fier. Mais le premier hit des Sweet vient avec “Funny Funny“. Incontestablement un des meilleurs titres du début des années ’70, ce morceau fait partie des absolus éternels qui sont entrés dans l’inconscience collective. Ce morceau a également participé à créer la Bubblegum Pop moderne. Si ce titre ne vous ai pas encore familier, faites l’expérience de son écoute et tentez de résister à le fredonner la prochaine fois que vous entendrez le mot “funny”. Et puis, “Tom Tom Turnaround” vient perpétuer le génie qui plane alors sur l’album. On y comprend un des grands tricks des Sweet. Le groupe entame un refrain de nombreuses fois avant de faire de même une gamme au-dessus. Les Sweet répètent l’astuce à l’envie, sur ce titre et bien d’autres. C’est à chaque fois une franche réussite. Vient ensuite “Jeanie“, a priori plus générique, en réalité à la croisée entre Country et Pop. Les Sweet se rapprochent du son de la British Invasion. C’est toujours aussi efficace.Le premier titre bonus de la réédition RCA / Sony BMG Music Entertainment de 2005 (voyez le combo) est “You’re Not Wrong For Loving Me“. On s’éloigne encore de la Bubblegum Pop pour se retrouver sur les terres des Beatles. Les Sweet n’ont surement pas à rougir du résultat. “Alexander Graham Bell“, titre hommage, est un autre hit caché de cet opus. Glam Rock à fond sur des airs de P.F., les Sweet ouvrent la voie vers de nouveaux horizons. Mais le combo qui arrive est tellement irrésistible qu’il tend à l’éclipser. “Poppa Joe” est rapidement devenu un des titres les plus reconnus de toute la discographie des Sweet, à raison. Et que dire de “Little Willy” si ce n’est que le titre pourrait bien être, avec “Funny Funny“, un des deux meilleurs titres des Sweet.

Au final, les Sweet font partie de ces groupes à avoir grandement influencé l’histoire de la musique. On peut toujours spéculer sur l’idée que d’autres artistes auraient comblé la place si ceux-là n’avaient pas existé, mais une chose est sure, nous sommes aujourd’hui redevable de la scène Power Pop à des grandes formations comme les Sweet. Trop peu connu, ce groupe mérite à mon sens toute la reconnaissance qu’on lui doit. Ses vinyles se bradent à des prix défiants toute concurrence, il serait dommage de ne pas en profiter.

 

(les Sweet ont toujours formé un groupe très coloré.
Cette vidéo ne laisse aucun doute la dessus)

 

1 Comment

  • LaTouf

    J'aime bien ta manière de taper sur Led Zep ! Je vais pas jeter mon Led Zep III pour autant, on se refait pas (trop).

    Sympa The Sweet en tout cas !

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