Anachronique : Dow Jones And The Industrials (Post Punk)

 

Revoici Still in Rock après 2 semaines de vacances ! Dans ma poche, plein d’artistes récupérées à Brooklyn et ses environs, du très bon et du très très bon pour les jours à venir. Mais commençons par le commencement avec un article anachronique – ça faisait longtemps. Et puis, cap’ sur le dernier quart de 2017 avec ses classements de fin d’année.L’article anachronique du jour est consacré à Dow Jones And The Industrials, un groupe que j’ai eu l’occasion de découvrir lors d’un récent road trip vers le Storm King Art Center. Si je vous dis cela, c’est parce que Mazz était au volant/DJ, chroniqueur Still in Rock qui devrait bientôt revenir. Ce groupe originaire de West Lafayette (dans l’Indiana) s’est formé en 1979 pour disparaître deux ans plus tard. À sa tête, Greg Horn (guitariste), Chris Clark (bass), Tim North (batterie) et Brad Garton (aka “Mr. Science” au piano), quatre musiciens dont le statut culte dans tout le midwest des Etats-Unis est incontesté.

Le style de Dow Jones And The Industrials, c’est du punk fin 1970′ avec une forte tendance pop. Il faut également y ajouter un élément pre-nineties qui sera repris par quelques uns des meilleurs groupes de l’époque : l’ironie détachée des gentils-punks (pas des méchants, monde manichéen). Son nom en dit déjà beaucoup, le Dow Jones Industrial Average étant en réalité le plus vieil indice des bourses de New York. Et puis, le groupe a sorti son seul et unique album sous forme de split avec les Gizmos, autre groupé anachroniqué (lien) qui avait son garage comme principal habitacle.

Par chance, le très bon Hoosier Hysteria! s’est décidé à sortir une anthologie du groupe il y a quelques mois de cela. Cette dernière regroupe tous les morceaux composés par Dow Jones And The Industrials. La première partie contient les morceaux de Hoosier Hysteria , le fameux split avec les Gizmos paru en 1980. Ce dernier est introduit par What’s The Difference?” et – quelques morceaux plus tard – “Malfunction” qui ne laissent aucun doute sur la volonté new wave des Dow Jones. Une large partie de cette sortie est consacrée à ce style 80′ qui flirte aussi avec le post-punk. Le groupe y est bon, mais il fait mieux ailleurs lorsqu’il cogne plus encore.
Ce mieux, c’est celui de ses morceaux les plus punk, “It Ain’t Good Enough” comme premier exemple. “Set Yourself On Fire” fait également très bien le boulot. Et puis, les Dow Jones se rapprochent parfois de DEVO. C’est ce que l’on entend sur “Rocking Farmers” et “Hold That Coed“. Il combine, enfin, tous les genres sur “USA“, un morceau pour les amateurs du late seventies qui cherche son identité.

La seconde partie de cette anthologie fait hommage au seul EP du groupe paru en 1981. C’est ce qu’il a fait de meilleur, sans hésitation. “Can’t Stand The Midwest“, son grand hit, est la raison d’être de cet article. Son label décrit le morceau de nervy punk, une étiquette qui encapsule je crois tout le bien de ce morceau. Les Dow Jones rêvent forcément de New York et de rejoindre la scène des Dictators, à moins que ce ne soit Wall Street qui leur fasse de l’oeil. Toujours est-il qu’ils disent détester le Midwest américain dans un titre que les Ramones auraient pu avoir composé.

Vient ensuite “Let’s Go Steady” qui laissait déjà transparaître la volonté eighties des Dow Jones bien qu’il se tourne pour l’heure vers un proto-punk sans complexe. X aurait dit oui. Et puis, “Indeterminism” vient clore l’EP sur quasi 4 minutes qui flirtent entre au-delà et punk DIY.

Viennent alors une multitude de B-tracks sur lequel je serais plus rapide, si vous le permettez. Ce laboratoire à idée recèle quelques sucreries pour les plus grands fans du genre post-punk spasmodique. “Mental Disease” en est un bon exemple. Le groupe revient à son fun sur “Straight A Students” et, une fois de plus, sur le thème de la maladie mentale avec “Latent Psychosis“. Le titre est noir, en cela plus proche du punk UK que US.

Damage” et quelques autres nous rappellent la proximité latente les Damned. Le groupe est à mon sens meilleur lorsqu’il vise le cheesy des Gizmos, mais soit, l’efficacité de morceaux comme “Remember Your Manners” qui semble faire du Britney Spears sous acide force le respect.

La dernière partie de l’anthologie laisse place au Live At Third Base, daté du 28 septembre 1980. “American Fat” et ses ‘fat noises’ n’est autre qu’un morceau de punk 77′ comme il ne s’en fait plus. “Bobby Brite” est shabby, un peu à l’image de ce live déstructuré dans lequel la qualité de la délivrance semble uniquement s’apprécier en termes de headbanging. On y retrouve les psychoses avec “Mental Disease” et “Latent Psychois“, surtout, “Louie Louie” vient clouer tous ceux qui ont un jour aimé les élucubrations des Oh Sees.

Au final, cette anthologie laisse apparaître la complexité des Dow Jones qui, en deux ans à peine, semble avoir la discographie d’un groupe qui a arpenté la scène pendant une décennie complète. Le groupe est souvent révolté, à l’image des Weirdos, mais on y retrouve également le sourire des groupes de Gulcher Records. La survie du groupe n’aura pas résisté à la volonté de Greg Horn d’aller former d’autres projets, toujours est-il qu’il fait aujourd’hui office d’une formidable pièce de l’histoire du centre américain. Et puis, de toute façon, comment résister à “Can’t Stand The Midwest“?!
(mp3) Dow Jones And The Industrials – Can’t Stand The Midwest (1980)
(mp3) Dow Jones And The Industrials – It Ain’t Good Enough (1980)TracklistCan’t Stand the Midwest 1979-1981 (LP, Family Vineyard, 2016)

1. What’s The Difference?
2. It Ain’t Good Enough
3. Set Yourself On Fire
4. Malfunction
5. Dude In The Direction Field
6. Rocking Farmers
7. Hold That Coed
8. USA
9. Can’t Stand The Midwest
10. Let’s Go Steady
11. Indeterminism
12. Mental Disease
13. Straight A Students
14. Latent Psychosis
15. Never Too Stoned To Disco
16. Damage
17. Don’t Complain About Muzak
18. Ladies With Appliances
19. Remember Your Manners
20. USA (Demo)
21. Bite It Off
22. Me Generation
23. Ralph Crowe
24. American Fat
25. Bobby Brite
26. Theme From Bluegill
27. Mental Disease
28. Louie Louie
29. Latent Psychois
Liens :

Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *