LP Review : Archy Marshall (King Krule) – A New Place 2 Drown

Archy Marshall, aka King Krule, vient de faire paraître un nouvel LP, A New Place 2 Drown.

Oui, on me l’a dit : “ne publie pas cet article, King Krule est l’un des protégés de Still in Rock”. Seulement, pour que les articles dithyrambiques trouvent une certaine forme de légitimité, je crois qu’il faut également dire lorsque les artistes font des ratés.

Mais avant toute chose, je voudrais remercier à King Krule, ne serait-ce que pour avoir mis la pagaille dans les classements de fin d’année, pour avoir fait regretter à tous ceux qui ont publié le leur en novembre, histoire d’être le premier, d’avoir manqué l’occasion, si jamais ils aimaient cet album (ils semblent être nombreux), de pouvoir le prendre en compte. Ça, c’est mon petit plaisir personnel. Je voudrai également remercier King Krule pour avoir tenté de faire ce à quoi peu d’artistes s’essaient : un tout artistique cohérent qui intègre différentes expressions, en l’occurrence, de la photographie, de la poésie et de la musique. Cet album sort en effet dans le cadre d’un projet réalisé avec son frère, Jack, qui a réalisé les photographies d’un livre que cette musique accompagne. C’est ambitieux et ça fait du bien. 


Une fois cela dit, force est de reconnaitre que New Place 2 Drown n’intègre pas la ligne artistique de Still in Rock, et pour cause, l’album est pour moi une déception. King Krule, cet artiste génial capable d’intégrer du jazz à un rock underground violent et poétique, vient ici de se trahir (seul “Ammi Ammi feat Jamie Isaac” laisse place à quelques accords jazzy). King Krule a en effet succombé à une musique robotique (“Eye’s Drift” est-il la création de Metropolis ? Est-ce que “Empty Vessels” est l’aveu d’une nouvelle déshumanisation de la musique ?). Explications.

Je ferrai court, mais voici l’essentiel de cet LP : la sur-présence de la boite à rythmes est un véritable point faible de l’album. Elle force King Krule a adopté un beat trop constant, trop linéaire. Elle le contraint à se confirmer à ce tempo monogame. Mais ce n’est pas tout. Les basses sont bien trop fortes (“Thames Water“, vraiment ?). La voix d’Archy Marshall suffit à produire une musique d’une exceptionnelle gravité, nul besoin de renforcer cela par une instru’ exagérée. Et pour cause, sa voix n’est que très peu présente, pas assez.

Où sont également passées les mélodies (exemple : “Sex With Nobody“) ? L’aspect futuriste d’un album, sa volonté avant-gardiste ne doit pas faire perdre de vue quels sont les éléments qui forgent une bonne musique. Sonic Youth l’a suffisamment démontré.

Au final, cet album, qui ne sortira pas en physique, sera au mieux la bande son de la prochaine exposition de Kenji Kawakami, une petite bavure dans la discographie de King Krule (ce dont on peut douter, à ce jour), et, au pire, le début d’une direction artistique que je ne suivrai plus. Paru sous le nom de Archy Marshall, et non pas King Krule, espérons que là se trouve l’astuce, parce qu’en attendant, avoir attendu deux ans pour avoir droit à de la musique de musée n’est pas vraiment satisfaisant.

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2 Comments

  • LaTouf

    Je vais être un peu plus méchant : 6 feet était déjà raté. Les seules choses bien dedans venait des précédents EP, le reste était à côté de la plaque. Rock bottom (face A ET B) était génial, et pas mis dans 6 feet. Ca sentait déjà mauvais, voilà qui est confirmé.

    • Still in Rock

      Effectivement, les mixages sous le nom de Zoo Kid demeurent géniaux… Ses dernières collaborations sentaient également mauvais, et voilà le résultat.

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