Anachronique : The Gun Club (Post Punk)

(see also the english review below)

 

The Gun Club était un groupe formé sur la côte ouest des Etats-Unis en 1978. Toujours mené par le très charismatique Jeffrey Lee Pierce, le groupe fait paraître son premier album, Fire of Love, en 1981 via Slash Records. Pour la petite histoire, le nom du groupe est une idée du colloque de Jeffrey Lee Pierce, qui n’était autre que Keith Morris, le chanteur du légendaire Black Flag.

Lorsque l’on évoque les influences d’un groupe, on parle généralement de ces sonorités empruntées aux grandes références et que l’on retrouve dans des albums post-X. Rien de cela avec The Gun Club. Les influences du groupe reflètent ici une autre façon de faire. Je ne saurai douter que, lorsque Lou Reed a pour la première fois écouté les Gun Club, il a dû être admiratif de cette autre façon de faire. The Gun Club montre un nouveau chemin pour la pop, pour le Punk, pour le rock’n’roll. The Gun Club, à l’image des Velvet, a montré qu’il est possible, lorsque la volonté et le talent en sont, de faire une musique nouvelle qui ne se contente pas de faire la synthèse du passé. L’art est certes un éternellement recommencement, et aucun artiste de renom ne saurait nier que ses créations sont nécessairement inspirées (en partie) de l’Existant, de la pensée commune, de l’inconscient collectif Jungien. Seulement, certains parviennent, par leur infime apport à un art, à faire partie de ceux qui influenceront les générations futures. D’autres n’y parviennent jamais.
On trouve indéniablement du Punk Blues dans Fire of Love. C’est excitant tant il est difficile sinon impossible de penser à un autre groupe qui s’inscrive dans ce genre précis (certes, le Punk Country de Country Teasers n’est parfois pas très loin, mais tout de même). Mais surtout, la musique de Gun Club est du véritable Post Punk. Il ne faut pas comprendre cette étiquette au sens qu’elle prendra plus tard avec des groupes tels que Wire et Pere Ubu. Non, le Post Punk de Gun Club répond à sa notion originelle, celle où la musique emprunte au Punk sa rage et sa simplicité, tout en lui apportant les variations structurelles dont le genre premier ne se souciait pas.
The Gun Club n’a jamais atteint le grand (et moyen) public. La faute à des titres trop expérimentaux, trop avantgaristes. Finalement, seuls les Velvet on véritablement réussi à se hisser au statut de légende du rock sans jamais laisser tomber toute leur innovation musicale. Seulement, les Velvet étaient également une image, une marque. Les Gun Club n’ont pas pu profiter de cette aura, et me voilà à en vanter les mérites, car trop peu le font.
Ce ne sont pourtant pas les hits qui manque à Fire of Love. L’album s’ouvre sur “Sex Beat“, où l’on comprend que le beat de Jeffrey Lee Pierce est inimitable. “Promise Me” est la première apparition du fantôme des VU. On retrouve une référence sur “She’s Like Heroin To Me“. “For The Love Of Ivy” (morceau composé par Kid Congo Powers) est le premier titre à m’avoir fait adhérer au(x) Gun Club. Ce titre restera comme l’un des meilleurs de sa décennie, parce que violent et créateur, parce que ses changements de rythmes ne s’apprivoisent jamais. “Preaching The Blues“, titre de Robert Johnson, joue dans la même catégorie. Dans un style plus Punk ’77, on trouve “Ghost On The Highway” et “Black Train“. “Jack on Fire” renoue avec le flow de Lou Reed. Cette pièce musicale se transforme en un formidable chant incantatoire psychédélique, façon The Jesus and the Mary Chain.
Finalement, la musique des Gun Club revêt une importance toute particulière en matière d’histoire de la musique, à mille lieues de l’anonymat du groupe. The Gun Club est régulièrement citée dans les discussions obscures de bar DIY comme étant le sacro-saint du début des années ’80. Jack White pose lui même la question : “‘Sex Beat’, ‘She’s Like Heroin To Me’, and ‘For The Love Of Ivy’…why are these songs not taught in schools?“. On retrouve cet album dans de nombreux classements. Citons Gimme Indie Rock: 500 Essential American Underground Rock Albums 1981-1996. Il est par ailleurs régulièrement décrit comme étant l’un des albums les plus sous-estimés de tous les temps. Sans lui, la scène de Los Angeles n’eut probablement jamais connu l’essor si rapide qui fut le sien dans les années ’80 alors que New York écrasait encore le reste des Etats Unis.

 

Pour moi, The Gun Club sera toujours l’apologie de l’underground. Un underground qui le sera resté jusqu’au bout. Je ne crois absolument pas que les Gun Club auront un jour toute la reconnaissance qu’ils méritent. Je suis en revanche intimement convaincu que La Scène finira par lui reconnaître tous ses mérites. Dans d’autres circonstances, the Gun Club aurait pu s’associer avec un gourou façon Andy Warhol qui aurait popularisé le groupe jusqu’à le répandre sur les t-shirts de la terre entière. Après tout, Basquiat représentait visuellement ce que les Gun Club faisaient en matière de musique. Le combo eut était l’un des plus puissants jamais créé. Mais trêve de refaire l’histoire.

 

Review by Mazz
(english only)

 

Rarely is an album name as appropriate as it is for the Fire of Love. This album is a blazing masterpiece. It grabs you from the swampy introductory notes on “Sex Beat” to the honky tonk poetry slam that is “Jack on Fire“. Gun Club’s Delta Blues inspiration does not come off as forced or fake but is as real and haunting as the blackened tattered soul of the South.

Fire of Love is raw musical energy, stripped down, moody, and sometimes writhing in agony. It’s one of those rare punk rock album that differs from most punk records where guitars dominate. The guitar here is only one piece of band’s overall harmony where Jeffrey Lee Pierce’s quivering drawling and howling are the centerpiece. The bleak lyrics and music of songs like “Jack on Fire” and “For the Love of Ivy” conjure mixed images. The song lyrics are wrought with satire about stereotypes (“Preaching the Blues” and “Jack on Fire”) and Southern folks (“For the Love of Ivy”) and also deeply personal (themes of drug addiction and heartbreak pervade basically every track on the album). Yet despite this darkness the album has always been a great unifier in my experience. It once brought together those who formerly donned vintage velvet blazers over hoodies and exclusively smoked bali shag with their under-moneyed house and crust punk counterparts. Even the most reluctant eye-rolling millennial will find themselves jamming to this marvelous record if they like rock n roll. Its inevitable. You can feel the pulse of this record down to the tips of your fingers as if you yourself are plucking the steel string on “Ghost on the Highway”.

I have one particularly good example of the power of this record. Last year I found myself at a house party filled with detroit ex-pats. Many were significantly younger than me, feeling old and uninvited (note: I was not invited). I strayed upstairs into an open bedroom from where I faintly heard the crescendoing guitars of a Tyvek song. Everyone there was a stranger that was also drunk or high and also incredibly happy to see me. I immediately noticed the record collection, stepped up to the shelves of musty LPs and began thumbing through the collection. As soon as I found Fire of Love I pulled it out, opened it up, and asked if I could put it on. Nobody seemed to know whose room we were in. Within seconds of the needle dropping everyone in the room suddenly perked up and most began singing along. It was a beautiful moment that lived on for the length of side A.

If you have not yet heard this record I highly recommend it. It strongly reminds me of Tav Falco, the Cramps, and even Hazil Adkins but moody, complicated, less tongue-in-cheek and yet still satirical.

(mp3) The Gun Club – For The Love Of Ivy (1981)
(mp3) The Gun Club – Jack on Fire (1981)

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