Album Review : King Krule – 6 Feet Beneath the Moon (Blue Wave)






Album Review : King Krule

6 Feet Beneath the Moon

King Krule. Presque trois ans après le premier article Still in Rock sur celui qui se faisait alors appeler Zoo Kid, nous y voilà enfin, l’heure de l’Album Review est arrivée. Cet Album Review était attendu autant que redouté. Après avoir professé tant de bien à l’égard d’Archy Marshall, l’album se devait de ne pas nous décevoir. Si cet opus est resté plusieurs semaines en ma possession sans que je ne lui donne une seule écoute, c’est précisément pour cette raison, la peur de découvrir une création qui ne soit pas à la hauteur de King Krule. Mais voilà, il l’est.

6 Feet Beneath the Moon est un opus qui de loin surclasse 99% des autres créations de l’année. L’album recèle de mille merveilles. Certes, de nombreux titres ne nous sont pas étrangers : Archy est allé chercher parmi ses plus vieilles créations. À ce titre, j’évoquerai de nombreuses fois ses versions démos. Ces dernières sont intégralement disponibles sur l’article Still in Rock du 25 mai 2011 (lien). Mais notons que l’album est composé de quatorze morceaux, laissant place à de nombreuses nouveautés.

Si 6 Feet Beneath the Moon était une définition, elle le serait au terme puissant. Ce qualificatif est celui qui décrit le plus parfaitement les quatorze titres que King Krule nous présente : nous sommes un soir de pleine lune, l’attrait de King Krule est total, intense et continu. Place à la critique track-by-track :
  • Easy Easy (ici) : “Easy Easy” donne à cet opus l’introduction qu’il méritait : la voix d’Archy Marshall marque la même force, sa guitare est toujours aussi enivrante et l’univers qui s’en dégage ne s’éloigne en rien de la brume mancunienne habituelle. 
  • Border Line : Deux titres, et déjà deux masterpieces. “Border Line” est le premier titre à introduire ce beat qui mènera bon nombre des titres de l’album. Le rythme et la mélodie de “Border Line” sont incontestablement entrainants, cette touche King Krule que l’on adore. 
  • Has This Hit? : Je ne suis pas des plus convaincus par cette nouvelle instru. La version dévoilée en 2011 (démo) était plus franche, elle percutait vos tympans avec plus de vivacité. Celle-ci est plus brouillonne. En revanche, ce qui se passe après 2min30 est très grand, l’un des temps forts de l’album. Une guitare lo-fi, une autre pour l’accompagner, la même dualité sur la voix, voilà quelques secondes que seul King Krule fût capable de dénicher. 
  • Foreign 2 : Ce titre est malheureusement du côté électronique de la force. Le dubstep est certes à la mode en Angleterre, mais on se serait largement passé de ces quelques minutes. Un titre à bannir, de loin le plus mauvais de l’album.
  • Ceiling : Un titre un peu pale, qui n’appelle finalement que peu de commentaires : mi-ennuyeux mi-frustant de ne pas être plus. L’introduction est pourtant prometteuse, mais King Krule s’enlise ensuite dans un morceau trop peu varié.
  • Baby Blue (ici) : Nous connaissons ce titre depuis 2011 (démo), nous l’avons écouté des centaines de fois jusqu’à l’overdose qui n’est jamais venue. “Baby Blue” demeure l’un des meilleurs titres de l’opus. Cette version LP est à la hauteur de la démo, tout aussi profonde. Le final est une très belle nouveauté. 
  • Cementality : Quelle belle surprise ! “Cementality” est un titre tout à fait splendide. Voilà un de ceux de cet opus à élever au rang de chef d’oeuvre. King Krule démontre comment produire un de tous meilleurs titres de l’année en toute simplicité.
  • A Lizard State : Un autre morceau que nous nous sommes approprié en 2011 (démo). “A Lizard State” est toujours aussi agréable, avec ce même punch qui nous avait fait tomber amoureux d’Archy Marshall. “A Lizard State” est à mon sens la direction artistique vers King Krule devrait se tourner : de franches sonorités jazzy, comme avec l’introduction des cuivres ici réalisée à la  perfection.
  • Will I Come : Nous revoilà dans l’univers de “Foreign 2“, coupant l’élan qu’avaient amorcé les trois titres précédents. Ce titre est plus détestable qu’autre chose.
  • Ocean Bed : Retour en 2011 avec “Ocean Bed” (démo). Un aspect du génie de King Krule est ici dévoilé : même après plusieurs années, les titres conservent ce même avant-gardisme, une pertinence dont on n’arrivera jamais à se lasser.
  • Neptune Estate : Les airs James Blake de “Neptune Estate” ont de quoi en refroidir plus d’un. Pourtant, ce titre ne ressemble en rien à “Will I Come“, King Krule est simplement venu complexifier une belle création qui conserve une mélodie intéressante. On trouve une nouvelle fois ce beat hip-hop pour lequel il n’a jamais caché son attirance.
  • The Krockadile : Le King Krule époque Zoo Kid. Une guitare qui sautille, une nouvelle mélodie dont on ne se remettra pas, “The Krockadile” est irréfutablement l’un des plus beaux émerveillements que nous réserve 6 Feet Beneath the Moon
  • Out Getting Ribs : Celui que Still in Rock classait meilleur titre de l’année 2011 (lien). Voilà ce que nous en disions : “Zoo Kid est un diamant brut qui se poli de la plus parfaite des façons. “Out Getting Ribs“, son premier single, fait preuve d’une maturité extraordinaire, presque impensable. Comment comprendre et admettre le fait qu’un garçon de 16 ans à peine soit capable d’autant de minimalisme. Le clip est à la hauteur de la chanson, les notes de guitares parsèment une mélodie où seuls sa voix et quelques reverbs forment un tout hypnotisant.”.  Si je donne une fois encore ma préférence à la version 2011, je ne saurai émettre d’autres réserves sur ce titre mémorable.
  • Bathed in Grey : Le piano est magnifique, la boite à rythme caractéristique de ce qu’est cet opus, la voix de King Krule n’en finit pas de nous faire traverser monts et merveilles, en somme, ce titre est à l’image de l’album, complexe, envoûtant, et terriblement vif.

Fallait-il s’attendre à autre chose qu’un opus de cette complexité ? L’écoute de 6 Feet Beneath the Moon est passionnée. On trépide de nombreuses fois à l’idée d’accéder au Saint Graal dont on sait King Krule capable. Seuls deux titres sont à proscrire : “Foreign 2” et “Will I Come“. Le reste n’est qu’une nouvelle expression d’un immense instinct mélodique que je pense ne jamais arriver à complètement saisir.

Entre créations anciennes et nouveautés dont le charme est irrémissible, King Krule vient là crier au monde entier la ferveur qui l’habite. À titre conclusif, je formule mes souhaits pour de prochaines créations plus jazzyD’autres, rêvant sur des sofas près d’un billet décacheté, contemplaient la lune, par la fenêtre entrouverte, à demi drapée d’un rideau noir.

(mp3)
King Krule – The Krockadile

(mp3)
King Krule – Cementality

Note : 8,5 / 10 (barème)

Liens afférents :
Article sur “Easy Easy
Article sur “Rock Bottom“, titre exclu de l’opus

2 Comments

  • Dawn (Aurore)

    son prénom c'est Archy* et non pas Andy 🙂

  • LaTouf

    Je suis bien d'accord avec la critique morceau par morceau. 6 titres moyens voire mauvais, 4 qu'on connaissant déjà. Reste 4 nouveaux plutôt sympa. Ça ne vaut malheureusement pas un bon LP. King Krule se cherche, et ne s'est pas encore trouvé. Après toute cette attente, on reste sur sa faim.

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