Album Review : Tame Impala – Lonerism (Rock Psyche)







Album Review : Tame Impala
Lonerism









Tame Impala, voilà que je n’ai plus besoin de les présenter (voir ici et ici, en autre). Écrire cet Album Review est un exercice périlleux tant la qualité de l’album laisse sans mot. Que les dieux du rock psyché soient avec nous, Lonerism mérite ce qu’il y a de meilleur. On prierait pour que chaque titre soit plus long, que chacun dure des heures, une éternité enfermé avec cet opus venu de l’au-delà.

Comment croire possible, en 2012, qu’un groupe puisse encore parvenir à faire naître un mouvement musical ? Tame Impala vient de prouver que la musique n’avait pas de limite, sinon de nécessiter le génie de quelques humains qui n’en sont presque plus. Lonerism est ce que l’on appelle une Masterpiece, preuve de l’habilité de Tame Impala à créer ce que nous n’aurions jamais imaginé possible.
Lonerism n’en fini pas de nous exploser à la figure, il est l’opus le plus dynamité de ces dernières années, celui qui nous accompagnera toute une vie. Ces 50 minutes annoncent à de nombreuses reprises le jugement final, faisant résonner une terrible tempête. Après cette écoute, votre perception de la musique ne sera tout simplement plus jamais la même. Le premier opus, Innerspeaker, cherchait à plonger l’auditeur dans une sorte d’hypnose dont il ne sortait jamais. L’intention est ici tout autre : soyez sur vos gardes, Lonerism est plus puissant qu’un cargo de nitroglycérine, il réveillera en vous ce qui ne devait jamais l’être.
Les accords qui apparaissent à la deuxième minute du second titre, “Endors Toi“, répondent à ceux finaux de l’avant-dernier titre, “Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control“. Signant le début puis la fin de l’ouragan, les sirènes d’alarme ne sauraient rien y faire : nous n’avons jamais à ce point voulu nous trouver dans l’oeil du cyclone. Si nous savions déjà le génie de la guitare de Kevin Parker, je tiens à saluer tout particulièrement Jay Watson, batteur du groupe délivrant ici une performance plus qu’exceptionnelle qui rentrera sans soucis au panthéon du genre. Lorsque la batterie ne se contente plus d’accompagner pour livrer solo sur solo, on ne peut que saluer l’artiste. Préparez-vous à subir les foudres du rock psyché, place à la critique détaillée :
  • Be Above It : Quel rythme, quelle introduction ! Les vagues de cette guitare électronifiée nous procurent une extraordinaire sensation, de quoi nous donner des frissons dans le dos pour des années et des années. “Be Above It“, comme son nom l’indique, se situe encore loin de la tempête Lonerism, annonçant quelques tourments qu’on ne saurait dénigrer.
  • Endors Toi : Tame Impala tire la sonnette d’alarme, ce qui va se passer là est immense, impensable, préparez-vous au meilleur. Après une première partie instrumentale, la seconde laisse place à la voix de Kevin Parker accompagnée d’une orchestration où basse, guitare et batterie nous mènent tous ensemble à l’ultime plaisir : celui de l’explosion finale. Si les live du groupe poussent ce titre dans ses plus profonds retranchements, ça risquerait bien de donner lieu aux meilleures secondes de la vie de beaucoup d’entre nous.
  • Apocalypse Dreams (ici) : “Apocalypse Dreams” est de ces morceaux qui font d’ores et déjà partie du panthéon de la musique psyché, après quelques semaines d’écoute seulement. Le piano sonne tels des éclairs qui s’abattent sur la ville. Le final s’apparente définitivement au déluge synonyme de jugement dernier. Ecoutez bien le très court passage à l’attaque de la troisième minute, le son que Tame Impala y produit est absolument sensationnel. Et que dire de la quatrième, évoluant dans d’autres sphères que celles du réel ?! “Apocalypse Dreams” est la preuve que la musique psychédélique sait encore dévoiler de nouvelles facettes, plus pop, plus électroniques et plus colorées.
  • Mind Mischief : Jamais, non jamais nous ne pourrons oublier cette mélodie. C’est la que se trouve la grande force de Tame Impala : réussir à délivrer un psyché qui sonne comme aucun autre au monde. Ne parlons plus de vagues, mais d’un véritable torrent dont les crus sont de plus en plus énormes. Après deux premières minutes très répétitives où la guitare mène le pas, suivi d’un court leadership de la basse, c’est pour notre plus grand plaisir la mélodie qui s’emballe complètement. Le meilleur moment de “Mind Mischief demeure ce final lorsque la guitare semble faite d’acier et la voix gravée dans un vieux vinyle des Beatles. La guitare de Tame Impala nous en fait voir de toutes les couleurs, trouvant des sons dont on ignorait encore l’existence, passant du fuzz à l’overdrive l’espace de quelques secondes. Majestueux.
  • Music To Walk Home By : La pop de Tame Impala en pleine bourre, un titre qui s’inscrit parmi les meilleurs de l’opus – même s’ils y sont tous -, et c’est dire. “Music To Walk Home By” donne trop à son auditeur, on ne saurait être préparé à recevoir tant d’amour, tant de riffs et de solos de batterie. Très proche de l’univers de Pond (ici), il donne tout son sens à l’expression d’”explosion sonore“. Sortez vos Wah-Wah, Tame Impala est parmi nous ! C’est grand les amis, c’est grand ce qui se passe là !
  • Why Won’t They Talk To Me? : Ce titre dégage une telle puissance que l’on en viendrait presque à redouter l’effet dévastateur qu’il a sur nous. C’est la batterie qui donne à “Why Won’t They Talk To Me? une impensable énergie.
  • Feels Like We Only Go Backwards : De quelle planète provient ce morceau ? À l’évidence, l’imposante masse de Jupiter y a laissé des traces tout comme la froideur de Pluton. Écoutons simplement la guitare du final, non identifiable, direction le paradis !
  • Keep On Lying : Ce titre est plus proche du premier opus. La montée en puissance de ces quelques minutes me laisse sans voix, le son de la guitare changeant à chaque palier, nous voici en possession de toute la palette de Tame Impala. Si la guitare sonne au début comme celle de Clapton, un son très rond et délicat, elle finit par flirter avec celle d’Hendrix, distorsions maximales. On en ronronne, ah si. Précisons qu’il est aussi, avec “Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control“, le titre le plus progressif de l’opus. Pour une expérience parfaite, écoutez cet album les yeux fermés, dans le noir le plus total, en compagnie de vos seuls démons.
  • Elephant (ici) : Impossible de ne pas afficher un large sourire dès le début d'”Elephant“. Nous avons tellement écouté ce titre, sorti il y a presque deux mois, que l’on connaît chacun de ses moindres recoins. Et pourtant, impossible de s’en lasser : la marque du génie. Usant de la même batterie que celle de “Half Full Glass Of Wine” (ici) avec les guitares de “The Bold Arrow of Time” (ici). “Elephant” est morceau que l’on ne peut croire réel avant de l’avoir écouté des dizaines de fois, sans relâche, la sueur au front, le corps crampé de s’être trop remué la tête, l’esprit embué.Here We Go“.
  • She Just Won’t Believe Me : Ce coup-ci c’est certain, cette minute d’interlude vient sonner la mort de nos tympans. N’entendez-vous donc pas cette marche de la mort, résurrection de Woodstock ? Après le passage de nombre titres dévastateurs, “She Just Won’t Believe Me” est le signe d’un renouveau que l’on sait temporaire, entendez le vent qui se lève.
  • Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control : Mon titre préféré. Cette fin d’album est décidément psychédélique au possible. Voici un autre titre au panthéon du genre où l’on meurt d’envie de voir le batteur en live. La basse réalise de véritables prouesses et la structure du titre est tellement smart, ce n’est plus brillant, c’est au-delà. Il est à mon sens le plus envoûtant de l’opus, le plus abouti, l’ultime chef-d’oeuvre alliant toutes les forces des deux opus !
  • Sun’s Coming Up (Lambingtons) : Ne croyez pas si bien vous en tirer. La ballade apparente, de quasi 3 minutes, n’est que le leurre d’un des moments les plus planants de l’opus.
Certains albums donnent l’envie de s’exploser les tympans, ils procurent la sensation de pouvoir vivre en ayant en tête les titres qu’ils contiennent pour le restant de ces jours. Lonerism est de ceux-là. Un poil plus Pop que le premier opus, Lonerism est aussi plus noir. L’impression de se trouver au milieu d’une tempête demeure tout au long de l’album, cette tornade de titres psychés est sans fin, emportant avec elle tout ce que nous croyons savoir de la musique psyché. En somme, prenez votre cerveau, et laissez le reposer une bonne nuit dans le sèche-linge. Au petit matin, saupoudrez-le simplement des plus étranges substances chimiques : vous voilà dans l’univers de Lonerism.
Je signalerai simplement que Leif Podhajsky, auteur de la pochette d’Innerspeaker et de celles des premiers EP, et est également de la partie cette fois-ci. Cet artiste australien est terriblement talentueux (ici). Je conclurai cet Album Review avec la considération suivante : avec les multitudes de groupe que notre époque nous offre, peu seront reconnus comme ayant marqué les années présentes. Soyez assuré que Tame Impala sera de ceux-là, on ne révolutionne pas le rock psyché sans postérité.

Note : 9,7 / 10 (barème)

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7 Comments

  • Nels

    question bête : l'album n'est pas censé sortir en octobre ?

  • Pinkfrenetik

    @Nels Je crois qu'avec internet (malheureusement), les dates de sorties d'albums ne veulent plus dire grand chose…

  • Manu

    La seule version disponible pour l'instant est bien celle en 96kbps? Si c'est bien le cas je prefère attendre, telle une pucelle qui se preserve pour un eargasme de qualité.

  • metasua

    Quelle importance sa date de sortie officielle ou de son débit binaire trouvable (je l'ai trouvé en 320kbps, soit dit en passant), LONERISM EXISTE ! Avec cet album incroyable les années 10's ont donc bien commencé.

  • Unknown

    Ce commentaire a été supprimé par l’auteur.

  • Unknown

    Etant énormément charmé par le premier opus de Tampe impala, je m'attendais à recevoir la même "décharge" à l'écoute de celui-ci. Pourtant voilà, ma perception n'est pas du tout la même que toi. Après avoir écouté Elephant et Apocalypse Dreams en boucle, je m'attendais à voir sortir l'album de l'année, ou soyons fou, de la décennie. A l'écoute du reste de l'album, il n'en fut rien. On ressent un vrai manque d'inspiration pour la plupart des autres morceaux. L'intro de Be Above It est très vite lassant et beaucoup d'autres titres manquent de "peps" comme dans Innerspeaker. On a l'impression qu'ils ont fait un peu de remplissage. Malgré ça, album respectable qui mérite quand même d'être écouté

    • McFloyd

      Lonerism ces vraiment un album concempte sur les rêves et les cauchemars. Endors Toi ces le titre qui introduit le 'style' et 'Apocalyspes Dream' est le premier rêve.

      Ensuite, on passe tous les morceaux qui sont vraiment des expérimentations, des sons qui frôle le surnaturel, tout explose par si par la, avec la track vocal qui arrache bien !

      Et la, on arrive sur Elephant, avec le ''Wake Up' qui veut tout dire, on essaille de sortire de ce cauchemar, mais un dernier ce produit jusquau réveil

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